Depuis plusieurs dizaines d’années, on dit que la sécurité sociale est menacée sauf si on diminue les droits sociaux et les allocations sociales. Dans ce débat, patronat et syndicats sont rarement d’accord. Pour mieux comprendre, voici un petit rappel historique. Pour cet article, L’Essentiel a simplifié plusieurs textes de spécialistes de la Sécurité sociale. Et principalement, des textes de Mateo Alaluf, professeur à l’ULB, parus dans la revue Politique.
Au 19e siècle, les industries et les usines se développent en Belgique et surtout en Wallonie. A Gand et à Verviers, c’est le textile. A Liège, à Charleroi et dans tout le bassin wallon, c’est la sidérurgie, les charbonnages et la verrerie. Des banques investissent de plus en plus dans les industries (la Société générale est créée en 1822). L’argent, les capitaux se concentrent dans les secteurs industriels. De plus en plus d’hommes travaillent dans les usines et utilisent de plus en plus de machines.
Au début du 19e siècle
Il faut produire beaucoup, il faut donc beaucoup d’ouvriers. Peu à peu, la classe ouvrière apparait. Pour les bourgeois et les patrons, la classe ouvrière peut devenir dangereuse. Il faut la discipliner. En signant le contrat de travail, l’ouvrier se soumet à l’autorité du patron qui a presque tous les droits. Dans la loi, il est écrit que « le maitre (le patron) est cru sur parole ». L’ouvrier est lié à l’usine par le «livret ouvrier». Dans le livret, le patron note bien ou mal l’ouvrier quand il est licencié ou qu’il change de travail. Les ouvriers ne peuvent pas se défendre ensemble sinon la justice les condamne. Ils n’ont pas le droit de vote. Les ouvriers vivent dans la misère. Ils n’ont pas les moyens de se révolter. Ils sont trop mal nourris, trop fatigués, trop mal logés, trop épuisés pour agir.
Après 1850
Dans d’autres pays d’Europe, les ouvriers vivent la même chose qu’en Belgique. C’est pour cela qu’en 1864, La Première internationale ouvrière se crée. Les ouvriers commencent à s’organiser et à se défendre. En Belgique, le Parti ouvrier belge (POB) nait en 1885. C’est la première véritable organisation ouvrière au sens moderne du mot. Dans le POB, il y a aussi des syndicats, des mutuelles et des coopératives ouvrières. Le POB est socialiste. Côté chrétien, des syndicats, des mutuelles et des coopératives se créent aussi.
Après la Première guerre mondiale
En 1919, tous les hommes belges ont le droit de vote aux élections. Cela crée un autre rapport de force politique. Petit à petit, des lois sociales sont votées pour protéger un peu mieux l’ouvrier. En 1936, c’est la loi sur la semaine des 40 heures. Durant les années de l’entre-deux-guerres, les conditions de vie de la classe ouvrière s’améliorent. Il y a eu des reculs à cause de la grande crise économique des années 1930, mais on peut dire que la vie de la classe ouvrière s’améliore. Les différents secteurs de la sécurité sociale se mettent peu à peu en place grâce aux luttes ouvrières.
Après la Deuxième guerre mondiale
En décembre 1944, les différentes assurances sociales deviennent vraiment un système. Ce n’est pas un hasard. Après la guerre, le communisme attire beaucoup d’ouvriers. C’est un autre système que le système du capitalensemble des moyens financiers des entreprises qui les exploite. Des ouvriers veulent un syndicalisme plus offensif, plus actif, plus direct. C’est surtout vrai en Wallonie. La droite politique et les patrons doivent tenir compte de ce nouveau rapport de forces. Ils acceptent un partage plus juste des richesses créées. Il y a des négociationsdiscussions pour arriver à un accord salariales pour le salaire et pour la sécurité sociale. Peu à peu, le système de sécurité sociale s’étend et protège presque toute la population.
Depuis la « crise » des années 1970
Le système marche bien jusqu’à la crise économique des années 1970. Et depuis les années 1980, les patrons font pression sur les travailleurs et les gouvernements pour limiter les droits sociaux, les droits à la sécurité sociale. On commence alors à faire des économies dans la sécurité sociale. Les gens sont de moins en moins bien protégés. On peut dire qu’aujourd’hui, il y a eu plus de reculs que d’avancées en matière de sécurité sociale.