![]() Y. De Keyser députée socialiste européenne – Photo: P.S. |
Pour faire le point sur les reculs et les avancées
des droits des femmes dans l’Union européenne, nous avons rencontré Véronique
de Keyser. Socialiste belge, Véronique De Keyser est députée
européenne. Auteure d’un rapport sur les Droits de l’homme
dans le monde pour le Parlement européen, sa vision de l’Europe
traverse le paysage international. Femme progressiste, elle articule son combat
pour les droits des femmes aux avancées démocratiques en général.
Nous livrons ici les lignes de force de l’entretien que Véronique
De Keyser nous a accordé. Première ligne de force: le modèle
de démocratie européenne peut s’imposer autrement que par
des chars. Prenez la possible entrée de la Turquie dans l’Union.
Véronique De Keyser est «pour». C’est un projet étonnant,
dit-elle. Et la Turquie aussi est un pays étonnant. Un pays avec une
structure laïque et une population à majorité musulmane.
Depuis quelques années, les Turcs ont fait beaucoup d’efforts.
Evidemment, ils ne sont pas très riches. Ils n’ont pas tout à fait
notre culture. Mais ce projet est un défi. Il permettra de propager
notre modèle de démocratie autrement, sans utiliser la force.
Ce
projet se heurtera certainement à beaucoup d’obstacles.
Les
droits des femmes en Turquie? Il y a encore beaucoup de problèmes,
dit Véronique De Keyser. On sait qu’il y a toujours les crimes
d’honneur. On peut toujours craindre une radicalisation d’une partie
de la population. Mais l’Europe peut jouer l’influence et soutenir
les populations qui sont pour le changement. Les femmes, les Kurdes de Turquie,
les Chypriotes turcs sont pour l’entrée du pays dans l’Union.
Et cette société civile veut qu’on l’aide dans les
changements à faire. On ne s’impose pas, on mise sur un effet
d’entraînement.
Egalité professionnelle
Il y a pourtant des domaines où l’Europe
s’impose par des
directives. Les directives sur l’égalité des chances homme-femme
au niveau
profession nel, par exemple: égalité de salaire, d’accès à l’emploi.
Mais on sait qu’en pratique, on en est encore loin, dit Véronique
De Keyser. On continue à se battre. Et c’est une deuxième
ligne de force: la lutte. Pour obtenir cette égalité homme-femme,
il faut lutter. On se bat notamment à coups de quota. C’est humiliant,
dit Véronique De Keyser, sentimentalement, je suis contre. Mais c’est
un moyen de lutte. Un moyen de reconquérir des places. Et on le voit:
quand les femmes sont en place, elles ne lâchent pas. Evidemment, il
faut éviter le piège de la femme «alibi». Celle dont
on montre la réussite pour cacher les inégalités qui sont
le lot de la plupart.
Violences conjugales
Pour pouvoir lutter, il faut aussi bien nommer les choses.
Prenez les violences conjugales. Ces violences existent partout. Des femmes
faibles, des femmes
fortes, des femmes venues de tous les milieux sociaux en sont victimes. Pourquoi
acceptent-elles? Cela doit tenir au fait que les femmes ont toujours envie
de se sentir coupables de quelque chose. Pour lutter contre ces violences,
il y a le programme européen Daphné. Mais la base juridique n’est
pas très claire. Car on pénètre là dans la sphère
privée. Mais quand on met des mots sur un phénomène, quand
on commence à en parler, quand on s’y intéresse, on recueille
alors des informations. On découvre alors évidemment l’ampleur du problème.
Droit à la santé
Il y a des terrains moins rassembleurs où la
lutte est plus directement politique. C’est le cas du droit à la
santé. Et pour la
femme, la santé liée à la reproduction. Pour que les femmes
participent à la vie sociale, il faut un contrôle des naissances.
Véronique De Keyser constate douloureusement: les droits qui semblaient
acquis depuis 20 ans sont remis en cause. Il y a une vague d’intégrisme religieux parti des Etats-Unis. Depuis 3 ou 4 ans, ces mouvements américains
ont des antennes européennes. Il y a des campagnes de mail pour interdire
l’avortement. On commence à voir cette influence au Parlement
européen. Par exemple, un amendement proposant la distribution de seringues
propres et de préservatifs aux toxicomanes a été rejeté au
Parlement. A cause des préservatifs…
Aider à lutter
On sent, à travers le monde, une montée
des intégrismes
religieux: chrétien, musulman et juif. Pour l’instant, les progressistes,
religieux et laïcs, réussissent à faire front. Les femmes
progressistes se battent bec et ongles. Et c’est d’ailleurs surtout
cela le rôle de l’Europe : aider les femmes à se battre
sur place. On peut, par exemple, aider des organisations qui ne sont pas reconnues
par leur gouvernement national. On soutient donc des initiatives démocratiques.
Des chaînes de solidarité se créent. Pour les droits de
la femme, les droits de l’homme ou des homosexuels, il faut avoir la
même attitude. L’Europe ne doit pas s’imposer par la force.
C’est en se battant sur place que l’on change les mentalités.
L’Europe doit aider les gens à se battre. Et le Parlement européen
est un lieu formidable de rencontres et de débats pour les femmes.
Lydia
Magnoni et Thierry Verhoeven
Une réponse
et l’harcelement morale en fait -il partie car il y a pas de coup , juste le rabaissement , vous dire que vous etes mauvaise en tout . et vous finissez par la croire , ce qui vous donne l’envie d’en finir avec la vie .