Le 8 septembre, c’est la journée internationale de l’alphabétisationenseignement des bases de la lecture, de l'écriture, des mathématiques, c’est l’occasion de faire de grands articles sur le sujet. Et c’est très bien. A L’Essentiel, nous avons choisi de publier un texte d’adultes en formation d’alphabétisation à la FUNOCFormation pour l'université ouverte de Charleroi à Charleroi, en Belgique. Ces personnes ont écrit ce texte en 2017. Il y a 6 ans, mais qu’importe vu le message que ce texte porte ! C’est un texte de témoignages, c’est du vécu? Oui. C’est surtout une tribune, comme dans n’importe quel journal. Une tribune ? C’est-à-dire un lieu où l’on s’exprime par le discours ou l’écriture, nous précise le dictionnaire Le Robert. Et dans un journal, on ajoute un adjectif au mot tribune, c’est « libre ». Bonne lecture donc de cette tribune… libre!

Nous sommes des adultes en formation d’alphabétisation et nous avons envie de témoigner sur ce sujet ainsi que sur l’importance du temps de formation.
En tant qu’adultes, nous fonctionnons différemment qu’un enfant qui commence l’école en maternelle jusqu’à 18 ans minimum. Nous avons nos problèmes de la vie quotidienne : s’occuper des enfants, les factures, gérer notre budget, les soucis de santé,…
Vu notre parcours scolaire, notre âge et les soucis de la vie, c’est pratiquement impossible de rattraper et de tout comprendre en 18 mois. Pour ce projet, il faut des aides financières pour allonger le temps de formation qui n’est pas suffisant.
Voici quelques situations difficiles quand on ne sait pas bien lire ni écrire. Parfois, une personne frappe à la porte pour un nouveau contrat d’électricité ou d’internet, ils ont de belles paroles et on signe n’importe quoi sans comprendre. Alors, on est obligé de payer parce qu’on a signé.
Pour aller chez le médecin ou l’avocat, on a parfois besoin d’être accompagné par un ami ou une soeur,…et on n’a pas de vie privée. C’est la même chose pour comprendre des lettres.
Pour le travail, c’est aussi un problème. Dans notre groupe, un monsieur de 56 ans n’a pas obtenu un poste de chauffeur-livreur car il ne maitrise pas les nouvelles technologies comme pouvoir encoder des informations sur un nouvel appareil informatique alors qu’il a 25 ans d’expérience dans ce métier. Un autre a raté un poste d’ouvrier oxycoupeur car il ne sait pas encoder les commandes dans l’ordinateur.
Chercher du travail par internet c’est compliqué quand on ne sait pas écrire et envoyer des mails. Pourtant, on veut travailler. Un stagiaire raconte qu’en se rendant dans une agence d’intérim, on lui a dit de s’inscrire chez lui par internet mais tout le monde n’a pas un ordinateur. Une autre dame du groupe explique qu’elle a raté le test de français du Forem pour suivre une formation de technicienne de surface, elle se demande quel niveau de français est nécessaire pour faire un métier manuel.
Nous sommes tous les mêmes, mais on n’est pas tous égaux par rapport à la lecture et l’écriture. Pourtant, on a, nous aussi, une expérience de la vie, on a des connaissances et ça aussi c’est important.
Groupe alpha 4 de la Funoc: Ammara, Bernard, Brigitte, Cindy, Fouad, Jean, Jean, Jean-Luc, Manty, Maria, Maryse, Mélissa, Moïse, Pascal, Yvette
