Certains veulent une loi qui interdit l’anonymat sur le web. Ces personnes pensent que les internautes deviendraient ainsi plus responsables de leurs opinions et de leurs propos. Et que certains internautes n’oseraient plus s’exprimer aussi librement à visage découvert. Il y aurait donc moins de messages haineux, si l’anonymat était interdit.
Mais d’autres pensent qu’une loi interdisant l’anonymat est inutile. En effet, l’anonymat sur internet n’existe pas vraiment. Car, avec les technologies actuelles, on peut tracer tout le monde et reconnaître même les personnes qui s’expriment sur le web de façon anonyme ou sous un pseudonyme. Les plateformes des réseaux sociaux, par exemple, ont beaucoup d’informations sur leurs utilisateurs. Elles pourraient donner ces informations à la police ou à la justice pour identifier les auteurs de messages de haine.
Atteintes à la liberté d’expression
De plus interdire l’anonymat sur internet aurait des conséquences sur la liberté d’expression. Dans les pays totalitaires, les opinions sont contrôlées par les autorités en place. Des journalistes, des intellectuels peuvent dénoncer des faits sur internet, en restant anonymes. Ces personnes doivent rester cachées pour ne pas être emprisonnées, torturées ou assassinées.
Ailleurs, des lanceurs d’alerte utilisent l’anonymat pour dénoncer des pratiques illégales de grandes entreprises, par exemple la corruption, le détournement d’argent, le harcèlement…
L’anonymat est important pour protéger ces lanceurs d’alerte.
Des lois… mais peu de condamnations
Et puis pourquoi créer une loi qui interdit l’anonymat sur le web alors que des lois condamnent déjà les propos haineux et discriminatoires? Ces lois peuvent s’appliquer aux messages de haine diffusés sur le net. Mais on les connaît et on les utilise mal. Et on les applique peu. Bien souvent, les personnes qui sont la cible de messages haineux, d’incitation au viol ou au meurtre, n’osent pas aller porter plainte. Parce qu’elles ont peur ou sont épuisées mentalement. Parce qu’elles craignent d’être mal reçues par la police. Parce que peu de plaintes aboutissent à une condamnation… Dès lors, pourquoi créer de nouvelles lois si celles qui existent déjà sont très peu appliquées ?
Haine à visage découvert
Autre constat : interdire l’anonymat ne servira pas à résoudre le fond du problème. En effet, beaucoup de personnes publient des messages de haine sur internet à visage découvert, en toute transparence, sans se cacher. Les réalisatrices de #salepute, un documentaire sur le cyberharcèlementXpublications faites sur internet pour faire du mal à une personne des femmes, expliquent : « La haine en ligne est bien plus applaudie que sanctionnée. Pas besoin donc de se cacher derrière une fausse identité pour harceler. Les études montrent que la moitié des femmes ciblées connaissent leurs agresseurs. »
De plus, des groupes extrémistesXpersonnes qui ont des positions extrêmes, très dures, sans tolérance et leurs sympathisants affichent leurs discours racistes, sexistes, homophobesXqui rejettent les homosexuels, agressifs contre les homosexuels sans aucune gêne. Les réseaux sociaux sont une façon de rendre visibles leurs discours, de les glorifier et de les faire connaître davantage encore.
Agir dans le réel
La haine existe dans la vie réelle. C’est donc dans la vie réelle qu’il faut la combattre. Cela passe par une éducation à la citoyennetéXFaçon de défendre ses droits tout en respectant ses devoirs et en se souciant de l'intérêt de tous. Manière de participer à la vie sociale et démocratique, de participer aux décisions de la vie publique., au respect de l’autre. Cela passe aussi par une éducation aux médias pour mieux comprendre comment fonctionnent les réseaux sociaux les conséquences des propos et comportements haineux sur le web. Cela passe aussi par un meilleur accompagnement pour aider les personnes victimes de discours haineux et de harcèlementXpression que l'on exerce sur quelqu'un.