mercredi 3 juillet 2024

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Des prêtres face au cardinal

Juste avant la Noël, le 23 décembre 1960, Monseigneur Van Roey, le chef de l’Eglise catholique en Belgique fait un discours à la radio. Dans ce discours, le cardinal condamne la grève et les grévistes. Il déclare, par exemple, ceci :
«(…) Tous les actes qui tendent à paralyser la vie nationale, et à désorganiser les organes essentiels de la collectivité, doivent être dénoncés comme gravement coupables en conscience(…)

«Ramener les affiliés dans le droit chemin»

Les grèves désordonnées et déraisonnables, auxquelles nous assistons à présent, doivent être réprouvées et condamnées par tous les honnêtes gens, et tous ceux qui ont encore le sens de la justice et du bien commun. (…)
Que les organisations professionnelles et les syndicats, au lieu d’inciter ou de collaborer à la grève, ramènent leurs affiliés dans le droit chemin (…)»

Réactions du monde chrétien

En tant que cardinal, Monseigneur Van Roey s’adresse évidemment avant tout aux catholiques et syndicalistes chrétiens. Sa déclaration fait beaucoup de bruit et déplait à beaucoup de chrétiens. Les dirigeants du syndicat chrétien CSC ne sont pas pour la grève, mais ils sont choqués par la déclaration du cardinal qui « se mêle de ce qui ne le regarde pas.» Et le soir de Noël, le 24 décembre, des prêtres de Seraing dans la région industrielle de Liège répondent au discours du cardinal. [1]
Message des prêtres de Seraing du 24 décembre 1960.
Dans leur lettre, ils appellent à la justice, à la compréhension et à la fraternité. Tout le contraire de ce qu’a dit le cardinal. Ces prêtres proches de la population connaissent les conditions de vie des ouvriers. D’autres prêtres du pays témoigneront dans le même sens.

«Ce qu’attend la classe ouvrière, c’est un ordre humain.»

Dans leur lettre du 24 décembre, parue le 25 décembre, ces prêtres écrivent, entre autres, ceci :
«Entraînée par ses militants bien sûr, mais soulevée par une vague de fond plus lointaine, la classe ouvrière a cessé le travail. (…)
Tout ce qui touche à ses fils atteint l’Eglise. Elle n’accepte pas la condition prolétarienne, qu’elle tient pour la honte de ce siècle.
Que demande le monde du travail? Simplement sa juste place dans la nation. Il ne veut pas être traité en inférieur, il veut être considéré. (…)
Ce qu’attend la classe ouvrière, ce n’est pas un ajustement partiel ; c’est une solution plus entière et durable. C’est un ordre humain. (…)
Si nous ne croyons pas à l’âge d’or sur la terre, nous savons que le Christ nous demande de rendre la terre plus habitable et plus fraternelle (c’est déjà cela l’Espérance!).
Que cette fête de Noël nous rappelle qu’il n’est qu’un chemin pour l’humanité : celui de l’Amour et de la compréhension.»

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