Le cyberharcèlementXpublications faites sur internet pour faire du mal à une personne, c’est du harcèlementXpression que l'on exerce sur quelqu'un en ligne. C’est de la violence en ligne: diffusion d’informations privées, messages d’insultes, menaces, rumeurs. Par des exemples, Bruno Humbeeck, psychopédagogueXspécialiste des méthodes d'éducation et d'apprentissage, nous explique ce qu’est le cyberharcèlement.
Qu’est-ce que le cyberharcèlement?
En quelques mots, le cyberharcèlement c’est un harcèlement, mais avec une caisse de résonanceXamplificateur de discours, de commentaires. Il faut d’abord comprendre ce qu’est le harcèlement. Imaginez : je vous bouscule comme ça toutes les 3 minutes, est-ce que selon vous je suis un harceleur ? Vous allez sans doute me dire oui, mais en réalité pas, au bout du compte, je ne suis qu’un emmerdeur. Au bout d’un moment, vous allez me dire « ça suffit ».
Par contre, si chaque fois que je vous bouscule, je regarde une autre personne et on se met à sourire tous les deux, là je deviens un harceleur parce que j’ai figé les rôles. Le dominant, le dominé et ce que l’on appelle le “spectacteur”Xmot composé avec le mot "spectateur" et le mot "acteur". Le spectacteur est une personne qui regarde, comme au spectacle, et en regardant elle joue un rôle dans le harcèlement, elle agit.]], c’est-à-dire ceux qui regardent et qui figent les rôles de chacun parce que pour qu’il y ait harcèlement, il faut nécessairement qu’il y ait un ensemble de personnes qui finalement vous interdisent de sortir du rôle de dominé dans lequel on vous a enfoncé. Le problème du cyberharcèlement est que ce nombre de personnes augmente de manière exponentielle terriblement rapidement et vous êtes mis en spectacle au moment où vous êtes dans la posture de la personne dominée.
A partir de quel moment on peut parler de cyberharcèlement, une fois, deux fois, trois fois? Est-ce que c’est chiffré? Est-ce qu’on en parle à partir du moment où il y a chez la victime un changement de comportement ?
On peut parler de harcèlement dès qu’il y a une souffrance qui produit une sorte de désespoir. Ce n’est pas une question de quantité. Vous pouvez avoir dans le cyberharcèlement, un harcèlement qui est unique, un seul évènement, mais qui est-ce que l’on appelle un « flamming », vous êtes enflammé sur la toile. C’est pas une répétition comme on peut concevoir le harcèlement. C’est simplement un comportement massif, important dans lequel vous êtes complètement détruit aux yeux de tous les autres. Ça peut aussi être de petits messages répétitifs qui vous harcèlent « à feu doux », donc la répétition peut aussi être du harcèlement. C’est que l’on vit une situation désespérée, désespérante. C’est-à-dire que même si vous en parlez à des adultes, ils ne savent pas très bien quoi faire et que vous êtes écrasé par la souffrance dans laquelle on vous met simplement par des conduites de dominant qui vous imposent une posture de dominé.
D’accord et donc la différence entre cyberharcèlement et harcèlement classique ?
En fait, la différence est liée au média (les réseaux sociaux : Facebook, Twitter par exemple) qui rend la puissance du harcèlement virtuellement plus forte. Le mot virtuel est important. Beaucoup d’adultes s’imaginent que dès qu’on est dans le numériqueXEnsemble des technologies et des appareils de l'information et de la communication. Cela veut dire internet, réseaux sociaux, ordinateurs, smartphones, etc., on est dans quelque chose d’irréel, d’imaginaire. Non, c’est juste une puissance qui gagne en force, en force virtuelle. Donc le harcèlement qui est l’élément réel est mis dans une sorte de caisse de résonance, c’est pour ça que c’est beaucoup plus dangereux et que ça produit des dégâts parfois beaucoup plus considérables et beaucoup plus rapides, parce qu’il y a cette caisse de résonance qui échappe d’ailleurs parfois même au harceleur qui ne se rend pas compte de l’effet qu’il produit et qui écrase très très vite le harcelé.
Sur le cyberharcèlement, voir cette page de la Fédération Wallonie-Bruxelles avec brochure à télécharger