Le pétrole a toujours été un bon sujet de roman et d’aventures. Il y a les pionniers qui ont exploré les premiers champs de pétrole. Les grosses compagnies pétrolières qui font d’énormes bénéfices (pensez au feuilleton Dallas). Il y a certains princes de pays arabes dépensent sans compter un argent fou grâce au pétrole.
Photo: Flémal
Mais actuellement, le pétrole augmente. Et cela a des conséquences moins romanesques pour la population. Et particulièrement, pour les plus pauvres du nord de la planète et pour les plus pauvres des pays du sud de la planète. On pense, par exemple, au gars qui prend sa voiture d’occasion (qui consomme beaucoup d’essence) pour aller gagner 1200 euros par mois. On pense surtout au chauffage.
Mazout cher
En Belgique, 1,2 million de ménages se chauffent au mazout. Et fin de la semaine dernière, le litre de mazout était à plus de 70 centimes d’euro! A condition de commander 2 000 litres minimum! L’année dernière, le prix était d’un peu plus de 53 centimes par litre. Le mazout a donc augmenté de plus d’1/3. Tout cela pèse dans le budget des ménages. Calculez ! A 0,70 centimes le litre, vous commandez 2000 litres. Cela vous fait 1400 euros à débourser !
En plus, le gouvernement est en «affaires courantes». Pour l’instant donc, on ne parle pas de mesures comme le «chèque mazout» pour aider la population à se chauffer. Une solution possible est un échelonnement des paiements. Le président de la fédération des négociants en carburant expliquait ce principe la semaine dernière dans la presse : "Le principe est simple, si le client demande à son livreur de pouvoir échelonner sa facture, ce dernier téléphone à la banque-partenaire, qui vérifie la solvabilité du demandeur. Et si cette solvabilité est là, la banque réglera directement la facture au livreur, avant de se faire rembourser en douze mensualités par le client." Le principe est simple. Oui. Vous ne devez pas tout payer tout de suite mais en mensualités. Vous devrez donc payer des intérêts. Et il faut en plus que la banque soit d’accord. On se doute que le principe simple ne fait pas l’affaire des ménages les plus pauvres.
Les Chinois ?
Certains spécialistes nous disent: pas de problèmes ! La hausse des prix du pétrole n’est pas un choc pétrolier comme en 1973 ou en 1979-1980. C’est une évolution progressive. Cela dure depuis 3 ou 4 ans. Sans doute. Mais en 1999, le baril valait 10 dollars. Un baril est égal à 159 litres de pétrole brut. Aujourd’hui, le baril vaut presque 100 dollars. Et qui accuser ?
Les Chinois, bien sûr. L’économie chinoise se développe beaucoup ces dernières années. Elle a donc besoin de beaucoup de pétrole. C’est la loi du marché. Quand la demande augmente, le prix du produit monte. Reste qu’on estime que le Chinois consomme 1,5 baril par an. L’habitant des Etats-Unis d’Amérique consomme, lui, l’équivalent de 40 barils de pétrole brut par an ! Les Etats-Unis représentent moins de 5% de la population mondiale. Ils consomment 25% de la production mondiale de pétrole. Tout le monde, c’est le cas de le dire, est responsable. Les pays du Sud, comme l’Inde ou la Chine, qui se développent. Peut-on leur en vouloir ? Les pays développés, industrialisés, qui consomment beaucoup de pétrole, sont eux aussi responsables.
Tous responsables
Evidemment, il n’y a pas que la demande. Il faut regarder aussi du côté de l’offre. Et donc des pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). Sans doute, y a-t-il un jeu politique de l’OPEP. Et les tensions dans le monde, l’Irak en particulier, n’arrangent pas les choses. Mais il y a d’autres réalités. Lors du choc pétrolier de 1979-1980, l’augmentation du prix du baril de pétrole atteignait à peu près le prix d’aujourd’hui. Après ce choc, l’OPEP a estimé qu’un prix de vente raisonnable était entre 22 et 28 dollars le baril. Et ce prix a été maintenu jusqu’en 2003. Depuis, les spécialistes disent que l’OPEP ne parvient plus à régler le marché. Car l’OPEP n’a plus les moyens de fournir ce que l’on appelle «les barils manquants» sur les marchés.
Et les marchés sont contrôlés en grande partie par les grosses compagnies pétrolières. Ces grosses multinationales font d’énormes profits. Par contre, elles ont peu investi pour faire des recherches et améliorer les techniques pour extraire ou transformer le pétrole.
Finances
Mais les augmentations sont aussi dues aux spéculations sur le prix du pétrole. Ce sont des banques ou des fonds d’investissements privés qui jouent sur les marchés financiers. Ces fonds ne produisent rien. Ils achètent et vendent du pétrole dont ils n’ont pas besoin dans le but de faire du profit. Ces fonds ne créent pas la hausse mais ils augmentent la hausse. Et d’ailleurs, peut-être que demain, si le prix du pétrole commence à baisser, ces fonds accentueront la baisse en revendant « à tout va » le pétrole qu’ils ont acheté. C’est la loi des jeux financiers. En attendant, le pétrole participe au réchauffement de la planète et jette un coup de froid sur nos économies et sur le pouvoir d’achat des ménages.
Thierry Verhoeven
Une aide pour se chauffer S’il n’y a pas de chèque-mazout, il existe un Fonds social chauffage. Ce Fonds aide les personnes à petits revenus. Pour en bénéficier, il faut que vos revenus bruts du ménage ne dépassent pas 13.512,18 € par an. Ce montant est augmenté de 2.501,47 € par personne à charge. L’aide est accordée aussi aux personnes en médiation de dettes. L’aide est de maximum 1.500 litres de mazout et de maximum 195 euros par hiver et par ménage. Pour en savoir plus, contactez le CPASCentre public d'action sociale de votre commune.Fonds social chauffage : http://www.fondschauffage.be/ |