« Sadia, coupable d’avoir dit non » et « Tous ensemble contre l’inacceptable ». C’est derrière ces banderoles qu’environ 1700 personnes ont fait une marche silencieuse à Charleroi le mercredi 14 novembre. Sadia était une jeune fille de 20 ans, d’origine pakistanaise. Elle faisait des études pour obtenir son baccalauréat de droit à la haute école de l’Université du travail. Elle voulait ensuite poursuivre ses études à l’université. Elle ne le fera jamais. Sadia est morte, assassinée, le 22 octobre. C’est son frère qui, selon toute vraisemblance, l’a tuée devant la maison des parents à Lodelinsart. La sœur de Sadia a été blessée dans l’action. Sadia refusait de se soumettre à sa famille. Ses parents voulaient la marier à un cousin de la famille qui vit au Pakistan. Mais, depuis 1 an et demi, Sadia avait un petit ami en Belgique. Elle voulait se marier et avoir des enfants avec lui, avec l’homme de son choix. Sa famille ne l’acceptait pas. Pour échapper aux pressions et aux menaces de sa famille, Sadia avait déjà séjourné dans une famille d’accueil. Elle s’était déjà réfugiée dans un foyer pour femmes battues. Depuis septembre, Sadia avait renoué des contacts avec sa famille. Le 22 octobre, elle a annoncé à l’école qu’elle allait dîner chez ses parents. Elle y sera tuée à bout portant par son frère. C’est ce que l’on appelle un «crime d’honneur». L’expression est obscène. Car il s’agit de tuer une jeune fille qui a choisi de vivre librement. Il faut alors laver l’honneur de la famille. Sadia était restée musulmane pratiquante. Elle aimait toujours sa famille. Cela n’a pas suffi…
Le mariage forcé
Heureusement, toutes les jeunes filles qui refusent le mari que leur famille a choisi ne finissent pas comme Sadia. Heureusement, tous les parents de culture musulmane, venus du Pakistan, d’Afrique ou d’autres régions du monde, n’imposent pas un conjoint à leurs enfants. Mais le mariage forcé est une réalité en Belgique et en Europe occidentale. La Communauté française a mené une enquête en 2004. D’après cette enquête, près d’1 jeune sur 4 avait vécu, directement ou par une de leurs relations, le problème du mariage forcé. Le Sénat de Belgique a d’ailleurs adopté un projet de loi contre le mariage forcé. Quand la loi sera appliquée, on pourra punir toute personne qui en oblige une autre à se marier. La justice pourra même annuler le mariage forcé.
Pour lutter notamment contre le mariage forcé, le comité belge de Ni putes ni soumises vient de publier un guide du respect. Le guide propose de respecter l’autre dans un esprit d’égalité tout court, d’égalité hommes/femmes et de respect des opinions religieuses ou philosophiques. Le guide se base sur des témoignages de jeunes filles et de jeunes garçons. Le guide parle du respect au travers de 3 sujets : la sexualité, les traditions qui empêchent l’individu de s’épanouir et de vivre librement, la violence.
Lien vers le site de Ni putes ni soumises : http://www.niputesnisoumises.be/
Lien vers le blog des amis de Sadia : http://sadia12.skyrock.com/