jeudi 28 mars 2024

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Douce France ou odeur de pourri ?

« Qu’est-ce qu’être Français ? » Et plus largement : « qu’est-ce que l’identité nationale ? » Pendant 3 mois, il y a eu un débat en France sur ces questions. C’est le gouvernement français qui a voulu ce débat. Ce débat a été très critiqué. On y a vu une manœuvre pour attirer les votes de l’extrême droite. Le 12 février, Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge, a lui aussi participé au débat dans une tribune publiée dans un grand journal français (*).  Verhofstadt estime « qu’ il y a décidément quelque chose de pourri en République française. »

 De novembre 2009 à février  2009, le gouvernement français avait lancé un grand débat. Le sujet du débat : l’identité nationale. Autrement dit, qu’est-ce qu’être Français aujourd’hui ? Et dès novembre, le débat a fait beaucoup de bruit et a été très critiqué. Il faut dire déjà que le débat a été annoncé par Eric Besson. Eric Besson est ministre du gouvernement français. Eric Besson vient du Parti socialiste et est proche de Ségolène Royal. Pendant la campagne présidentielle de 2007, il quitte le PS et rejoint l’équipe de l’adversaire de Royal, Nicolas Sarkozy. Il est vu comme un « traître », comme celui qui change de camp au dernier moment. Début 2009, il devient ministre. Et pas avec n’importe quel titre. Il porte le titre de ministre de l’immigration, de l’intégration et de l’identité nationale. Et il y avait eu beaucoup de bruit et de critiques sur ce « mélange » ministériel. Le mélange « immigration » et « intégration » laisse penser que beaucoup d’immigrés ne sont pas intégrés ou ne veulent pas s’intégrer. Mais c’est le titre « identité nationale » qui avait déjà fait le plus de bruit et de critiques. Peut-on faire l’identité nationale par une loi ? Ne veut-on pas imposer une définition très étroite de l’identité nationale ? Les personnes d’origine étrangère ont-elles une place dans cette identité nationale ? On critique surtout ce ministère car il est vu comme un message de sympathie aux électeurs d’extrême-droite. Et dans la pratique, le gouvernement français a une politique très dure pour les étrangers sans-papiers qui vivent en France.

Débat ou manœuvre électorale ?

Fin octobre 2009, Eric Besson, annonce à la radio : « J’ai envie de lancer un grand débat sur les valeurs de l’identité nationale, sur ce qu’est être Français aujourd’hui.  »  Eric Besson ajoute notamment : « Il faut réaffirmer les valeurs de l’identité nationale et la fierté d’être français. Je pense par exemple qu’il serait bon – aux Etats-Unis c’est banal, en France ça reste parfois compliqué – que tous les jeunes Français aient une fois dans l’année l’occasion de chanter la Marseillaise. »  Immédiatement, l’opposition politique au gouvernement Sarkozy réagit. Les Socialistes, les centristes de François Bayrou, les écologistes et les communistes dénoncent ce débat. Pour eux, le gouvernement cherche à attirer les voix de l’extrême droite pour les élections régionales de 2010. Le député et dirigeant du PS, Jean-Christophe Cambadélis, dénonce « une grosse ficelle » électorale. Pour le centriste François Bayrou, « l’identité nationale n’appartient pas aux politiques». Le Parti communiste français dénonce, lui, « le retour du pétainisme le plus nauséabond». Finalement, après 3 mois, le gouvernement français annonce début février, « la mise entre parenthèses du débat jusqu’au mois d’avril où une intervention du Président de la République est prévue. »  Et le 12 février, c’est l’homme politique belge Guy Verhofstadt qui participe au débat sur cette fameuse identité nationale française.

Le point de vue d’un Belge

Dans Le Monde du 12 février, Verhofstadt, maintenant président du groupe de l’Alliance des démocrates et des libéraux au Parlement européen, estime « qu’ il y a décidément quelque chose de pourri en République française. »Il écrit : "L’opportunité politicienne de ce débat, sa conduite hésitante et ses finalités floues donnent en effet l’impression désastreuse que la France a peur d’elle-même. » L’ancien premier ministre belge Verhofstadt, compare même le débat sur l’identité nationale à "un défouloir au remugle vichyste". Le régime français de Vichy est le régime du maréchal Pétain qui a collaboré ouvertement avec l’occupant allemand pendant la 2e guerre mondiale. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a réagi : « Je pense que le ridicule tue un peu, mais j’espère qu’il ira bien. » Pourtant, il n’est pas ridicule qu’un homme politique belge donne sa vision de l’identité. Car nous savons que l’identité nationale  est une notion floue, que notre identité est toujours en construction. Et cela nous évite certains dérapages.

TV

(*) http://www.mouvementdemocrate.fr/medias/
verhofstadt-tribune-lemonde-110210.html

 

A lire nos dossiers sur la Belgique et son ou ses identité(s) :
Fume, c’est du belge
La dernière histoire belge

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