Suite à la mort d’un jeune de 15 ans tué par un policier, des émeutes ont éclaté en Grèce. Des groupes de jeunes ont affronté la police. Ils ont brûlé des magasins et des banques. Lundi, ces émeutes avaient fait plusieurs dizaines de blessés. Au-delà de ces violences, une partie de la population manifeste plus calmement. Cette population réagit à l’assassinat du jeune garçon et plus généralement à la politique du gouvernement grec.
Samedi, dans un quartier d’étudiants d’Athènes, Exarchia, des jeunes auraient jeté des pierres sur une voiture de police. Un policier a riposté. Il a tiré 3 balles et il a tué Andréas Grigoropoulos, âgé de 15 ans. Dans un communiqué, la police a déclaré qu’un policier avait tiré à trois reprises quand son véhicule de patrouille a été attaqué par un groupe d’une trentaine de jeunes. Selon la police, le policier aurait déclaré avoir fait des sommations. Par contre, selon des témoins, le policier a directement visé le jeune garçon. L’enquête est en cours. Le policier a été mis en examen pour « homicide volontaire ». Le policier qui l’accompagnait a été mis en examen pour « complicité ».
Des manifestations dans toute la Grèce
Suite à la mort du jeune garçon, de violentes manifestations anti-policières ont éclaté à Athènes dans plusieurs villes du pays.
Dimanche à Athènes, des groupes de jeunes ont lancé des cocktails Molotov contre des magasins et des banques. Dans d’autres villes du pays, à Salonique, à Patras, à Héraklion, des manifestants ont aussi incendié des commerces et des banques. Les jeunes ont affronté la police et les forces anti-émeutes. Au-delà de ces mouvements violents, une partie de la population a manifesté plus calmement sa colère suite à l’assassinat du jeune garçon. Dimanche, des milliers de personnes ont défilé dans les rues d’Athènes. Les professeurs de beaucoup d’écoles supérieures et d’universités se sont mis en grève.
Le premier ministre, Constantin Caramanlis a déclaré qu’il n’y aurait "aucune indulgence" pour les policiers de la mort de l’adolescent. Il a également affirmé que «l’Etat veillera à ce que cette tragédie ne se répète pas.» Malgré cela, lundi, le calme n’était pas encore revenu en Grèce.
Une tragédie qui tombe mal
Il faut dire que le quartier Exarchia où le jeune a été tué est un quartier chargé de symbolesPersonnes ou choses qui représentent bien un sentiment, une idée, qui sert d'exemple.. En 1973, c’est à Exarchia qu’ont commencé les grandes manifestations étudiantes contre la dictaturepouvoir qui ne donne aucune liberté à la population et qui utilise la violence des colonels. Les colonels ont dirigé la Grèce d’une main de fer de 1967 à 1974. Depuis, le pays est revenu à la démocratie. Mais il y a beaucoup de patrouilles de police dans ce quartier considéré comme «bohème» où les étudiants sont très politisés à gauche et à l’extrême-gauche. Dans ce quartier, il y a souvent des violences entre jeunes et policiers. Et, en 1985, un autre jeune de 15 ans y a été tué par un policier.
La mort du jeune Andréas Grigoropoulos tombe « mal » pour le gouvernement de centre droit de Constantin Caramanlis. Avant l’assassinat du jeune adolescent, une grande manifestation syndicale était déjà prévue pour le mercredi 10 décembre. Avec cet événement, elle prend encore une plus grande dimension. Le gouvernement grec est dans une situation très fragile. La coalitionalliance temporaire entre plusieurs personnes, groupes ou partis pour faire quelque chose ensemble de centre droit au pouvoir avait fait campagne électorale sur la «démocratisation » de la police. Et depuis qu’elle est au gouvernement, peu de choses ont été faites. En plus, une grande partie de la jeunesse est dans une situation sociale difficile et est fortement touchée par le chômage.