La nuit du 7 août, l’armée géorgienne a attaqué l’Ossétie du Sud, une région séparatiste. La Russie, alliée de l’Ossétie, a tout de suite contre-attaqué. Elle est entrée en Géorgie. Un « plan de paix » négocié par Nicolas Sarkozy, au nom de l’Union européenne, est entré en vigueur. Ce plan met fin à la guerre mais il ne règle pas tous les problèmes. Loin de là.
Photo: Belga
Pour essayer de comprendre ce qui s’est passé en Ossétie du Sud, il faut revenir quelques années en arrière. L’Ossétie du Sud est une petite région de la Géorgie. Elle réclame son indépendance. L’Ossétie du Sud est une région du Caucase de 3 800 km2 et de 70 000 habitants. En 1991, l’Union soviétique éclate. Des républiques qui faisaient partie de l’Union soviétique se déclarent indépendantes. Les découpages administratifs, du temps de l’Union soviétique deviennent de vraies frontières. Ces nouvelles frontières ne correspondent pas toujours à une unité de population, de langue, de culture,…
Géorgie-Ossétie
Dans certaines régions, des habitants et des mouvements politiques n’acceptent pas l’autorité de la nouvelle république à laquelle ils appartiennent. Ils réclament donc leur indépendance. Ces situations ont provoqué des conflits armés. Ces conflits se sont souvent terminés en accords de cessez-le-feu. Mais ces accords ne règlent pas le statut des régions. Il reste des tensions entre les indépendantistes et le pouvoir central de la république. L’Ossétie du Sud est une de ces régions indépendantistes. En effet, du temps de l’Union soviétique, l’Ossétie du Nord faisait partie de la Russie. Et l’Ossétie du Sud était une région autonome de la république de Géorgie.
En 1991, profitant de la fin de l’Union soviétique, l’Ossétie du Sud proclame son indépendance. La Géorgie ne l’accepte pas et il y a conflit. Les Ossètes du Sud sont aidés par les Russes. En 1992, il y a un cessez-le-feu. Depuis, l’Ossétie du Sud fait toujours officiellement partie de la Géorgie. Mais la Géorgie ne contrôle plus ce territoire. Et les Ossètes du Sud veulent toujours leur indépendance. En 2003, Mikhaïl Saakachvili devient président de la Géorgie. Saakachvili veut que la Géorgie retrouve le contrôle des régions « indépendantistes » comme l’Ossétie du Sud. En août 2004, la Géorgie avait attaqué l’Ossétie du Sud mais avait dû se retirer. En 2006, les Ossètes du Sud votent à nouveau pour leur indépendance et leur rattachement à la Fédération de Russie.
Ces derniers mois, la situation s’est aggravée. A tel point que le 5 août, la Russie déclare qu’elle ne pourra pas « rester à l’écart » si la situation s’aggrave encore. Le 7 août, on pouvait croire à une solution pacifique. En effet, après des échanges de tirs et une dizaine de morts, les autorités de Géorgie et d’Ossétie du Sud avaient décidé de se rencontrer.
Mais dans la nuit du 7 au 8 août, sur ordre du président géorgien Saakachvili, l’armée géorgienne bombarde l’Ossétie du Sud. La Russie contre immédiatement l’attaque de la Géorgie. Elle lance une opération militaire en Ossétie du Sud. L’armée russe intervient même en Géorgie, en dehors du territoire d’Ossétie du Sud.
Tout de suite après l’attaque géorgienne, la Russie a demandé une réunion du Conseil de sécurité de l’ONUOrganisation des Nations unies, presque tous les Etats du monde sont à l'ONU. L'ONU a été créée pour défendre le droit international, la justice, la sécurité et la paix.. Mais c’est finalement l’Union européenne qui a mené les négociations pour trouver un accord. Comme la France est présidente du Conseil de l’Union européenne jusqu’en décembre, c’est le président français Nicolas Sarkozy qui a négocié le « plan de paix ». Ce plan a été accepté mardi 12 août par la Russie et par la Géorgie. Grâce à ce plan, il y a eu un cessez-le-feu. La guerre s’est terminée. On a aussi pu venir en aide aux populations civiles (plus de 150 000 personnes déplacées pendant ce conflit selon l’ONU et sans doute plusieurs centaines de morts). Mais ce plan n’a pas réglé l’avenir des régions séparatistes de la Géorgie (l’Ossétie du Sud bien sûr mais aussi l’Abkhazie et l’Adjarie). Et après cette guerre, cette question est encore plus compliquée.
Russie plus forte
En faisant bombarder l’Ossétie du Sud, Mikhaïl Saakachvili a voulu éliminer toute volonté d’indépendance des régions de Géorgie. Saakachvili se veut très proche des OccidentauxEtats-Unis(+Canada) et les pays d'Europe de l'Ouest (Union européenne et Etats-Unis). Il veut à tout prix que la Géorgie entre dans l’OTANOrganisation du traité de l'Atlantique Nord. Les Etats-Unis, plusieurs pays occidentaux ainsi que la Turquie sont membres de l'OTAN. C'est une organisation militaire qui intervient en cas d'agression d'un de ces membres ., l’organisation militaire occidentale. Les Etats-Unis y sont favorables. Ils sont très présents en Géorgie. Ils fournissent à ce pays une aide militaire et y investissent de l’argent. Les Etats-Unis ont fermement condamné la réaction militaire russe après le bombardement de l’Ossétie du Sud par la Géorgie. Les Etats-Unis ont durci le ton face à la Russie mais ils ne sont pas allés plus loin.
L’Union européenne, elle, a condamné la réaction russe mais aussi l’attaque de la Géorgie. Elle a donc joué un rôle de modérateur pendant cette guerre. En bombardant l’Ossétie du Sud, le président géorgien Saakatchvili a joué avec le feudécédé et ici "feu" veut dire "n'existe plus", "feu votre firme" veut dire votre firme n'existe plus. La Fédération de Russie sort plus forte du conflit. Son armée est intervenue très rapidement pour soutenir l’Ossétie du Sud. Au nom de la sécurité et de la paix, la Russie en a même profité pour bombarder des lieux stratégiques en Géorgie. La Russie affirme aussi sa puissance. Elle montre surtout que dans le Caucase, elle ne veut pas se laisser déborder par la Géorgie et, derrière la Géorgie, par les Etats-Unis.
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