jeudi 28 mars 2024

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L’emploi à la casse

Mardi 21 novembre, la direction de Volkswagen a annoncé que le célèbre modèle Golf ne serait plus construit en Belgique. La Golf était faite à l’usine de Forest, en région bruxelloise. Résultat? Une perte directe de 4 000 emplois.

L’usine Volkswagen à Forest était le plus gros employeur privé de la Région Bruxelloise. Elle employait 5 400 travailleurs. Il en resterait donc 1 400 pour fabriquer 60 000 à 80 000 voitures du modèle Polo en 2007. Les licenciements de Volkswagen-Forest touchent l’ensemble du pays. Sur les 5 400 travailleurs de l’usine, 6% sont bruxellois, 56% sont flamands et 38% sont wallons. Et, en plus, des 4 000 emplois directs perdus à l’usine, on parle de près de 8 000 personnes touchées. Une usine comme Forest fait, en effet, travailler beaucoup d’entreprises sous-traitantes. Ces petites entreprises ont comme principal client Volkswagen. La perte de la Golf les touche donc directement. Presque 10 ans après la fermeture de Renault-Vilvorde, l’annonce de cette presque fermeture de l’usine de Forest crée un scandale. Elle choque les travailleurs et les responsables politiques du pays.

Les travailleurs ne comprennent pas la décision de la direction. Ils ont décidé une grève jusqu’au 15 décembre. Pour calmer un peu les esprits, la direction a continué à payer les travailleurs pendant la 1ère semaine de grève. Les syndicats espèrent avoir plus de précisions sur l’avenir de l’usine. Ils espèrent que d’autres solutions sont possibles. Un journal allemand annonçait qu’un nouveau modèle Audi pourrait être construit à Forest mais en 2009…

Avant de parler d’un plan social de fermeture (primes, etc.), les syndicats espèrent d’abord discuter d’un plan industriel. Ils veulent limiter un maximum la casse de l’emploi. Pour développer la solidarité, il y a des rencontres avec les syndicats des autres pays où Volkswagen a des usines, comme l’Espagne et l’Allemagne bien sûr. Une grande manifestation européenne est prévue à Bruxelles, le 2 décembre.

Petits pas vers la fermeture

Cela fait deux ans que l’on parle d’un gros licenciement possible à l’usine VW de Forest. Pour l’éviter, les travailleurs ont augmenté leur productivité. Ils ont accepté des conditions de travail plus souples. Mais cela n’a pas suffi.

Les pouvoirs publics ont, eux aussi, accordé des aides à la multinationale VW pour éviter les pertes d’emplois. Le gouvernement fédéral a réduit les cotisations du patron sur le travail de nuit et le travail en équipe. Le gouvernement régional bruxellois a mis ses terrains à disposition de l’usine. On a réduit les taxes communales pour l’entreprise. La Région a créé, avec le privé, un centre de formation pour les travailleurs de VW tout près de l’usine. Tout cela, non plus, n’a pas suffi.

Les spécialistes le disent: l’avenir du secteur automobile est incertain. Le marché ne se développe pas assez, surtout en Europe. Les progrès techniques permettent de produire de plus en plus et de plus en plus vite. Mais il ne suffit pas de produire, il faut aussi vendre. Volkswagen était le modèle économique et social du capitalisme à l’allemande. Un modèle économique avec 2 gros actionnaires. Il y a un important actionnaire public, la région de Basse-Saxe. Il y a un important actionnaire privé, Porsche, qui vient d’ailleurs d’augmenter sa participation dans l’entreprise. Un modèle social avec le puissant syndicat allemand de la métallurgie qui participe aux décisions du groupe. En 1999, le syndicat allemand avait accepté une réduction du temps de travail avec perte de salaires pour éviter des suppressions d’emplois dans les entreprises européennes. Mais cela n’a pas suffi.

VW, en mauvaise santé ?

Pour autant, on ne peut pas dire que VW va mal. VW est le premier constructeur de voitures en Europe. Le bénéfice net de VW a dépassé 1,12 milliard d’euros en 2005. Mais cela ne suffit pas aux actionnaires de l’entreprise. L’objectif est de passer à plus de 5 milliards d’euros de bénéfices, avant impôt, en 2008. Volkswagen a donc décidé de supprimer 20 000 emplois d’ici 2009. Cette année, le syndicat allemand a accepté d’augmenter le temps de travail contre la promesse de maintenir l’emploi en Allemagne.

Les efforts des travailleurs, belges ou allemands, ne suffisent plus à garantir l’emploi. Les aides des pouvoirs publics à la multinationale VW, non plus. Aujourd’hui, syndicats et responsables politiques appellent à plus d’Europe sociale. Une Europe sociale que l’on réclamait déjà au moment de la fermeture de Renault-Vilvorde en 1997. Mais cela non plus n’a pas suffi…

 Thierry Verhoeven

3 réponses

  1. J’étais à la manif de samedi. on était pas très nombreux. C’est dommage. Il faut quand même essayer de se se défendre

  2. ce qui arrive aujourd’hui à VW Forest arrivera à d’autres secteurs en Belgique employant beaucoup de main – d’oeuvre !

    Le coût d’1 heure de travail pour un ouvrier belge est nettement plus élevé que pour un ouvrier polonais, roumain…ne parlons pas de l’ouvrier chinois !!!

    Les actionnaires ne veulent que du profit, soyons honnêtes…peut-on réellement leur jeter la pierre ?
    J’ai quelques actions, tous les 15 jours, je jette un coup d’oeil sur la bourse pour voir si elles ont monté ou descendu ! Il n’y a que lorsqu’elles montent que je suis content, lorsqu’elles descendent…je râle !

    On a hurlé au loup en criant qu’il était honteux de privilégier des ouvriers allemands par rapport aux ouvriers belges ! Si vous étiez allemand, trouveriez-vous cela honteux, vous ? Moi, j’applaudirais MON gouvernement de prendre en considération première les citoyens qui votent pour lui !

    P.S. : et si l’on récupérait les millions d’euros escamotés par nos chers élus du PS pour aider les  » vrais  » travailleurs de VW ou d’ailleurs !

  3. Tout le monde n’a pas crié au loup mais c’est vrai qu’il y a eu des réactions dans ce sens. Je crois que le vrai problème c’est un contrôle des aides que l’Etat accorde aux grandes entreprises sans aucune garantie.

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