jeudi 18 avril 2024

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Le Kosovo indépendant

Ce dimanche 17 février, le Kosovo a déclaré son indépendance. Est-ce la dernière étape pacifique du parcours tragique de l’ancienne Yougoslavie ravagée par des guerres dans les années 1990? Tout le monde l’espère. Surtout l’Union européenne. La Slovénie, une des républiques de l’ancienne Yougoslavie est déjà membre de l’Union européenne. Et les 5 autres républiques sont candidates à y entrer. Parmi ces républiques, la Serbie accepte mal l’indépendance du Kosovo qui est une de ses provinces. Mais cette indépendance pose des questions au-delà de cette région du monde.

Le jour où le Kosovo a déclaré son indépendance, la foule agitait des drapeaux en signe de victoire. Ici, une femme agite le drapeau albanais. Un aigle rouge à deux têtes. En attendant le drapeau officiel du Kosovo. Photo: Belga

L’indépendance du Kosovo a donc été déclarée presque 20 ans après la fin de l’ancienne Yougoslavie. Et 20 ans après le début des nationalismes et des guerres qui ont ravagé le pays.

En juin 1989, le président serbe, Slobodan Milosevic, prononce un discours nationaliste au Kosovo. La date et le lieu sont symboliques. La date : c’est le 600e anniversaire de la bataille « Champ des merles » où les Serbes avaient perdu contre les envahisseurs turcs. Le lieu : le Kosovo est considéré comme « le berceau de la Serbie ». Le discours de Milosevic est lui aussi devenu un symbole. Le symbole de l’éclatement de la Yougoslavie. Car en juin 1989, la Yougoslavie est encore une République fédérale socialiste. Mais le socialisme est remis en cause.

En 1989, le Mur de Berlin tombe. Et en 1991, c’est la fin de l’Union soviétique. C’est aussi les conséquences de la crise économique mondiale  Tout cela favorise les nationalismes. Et Milosevic joue le nationalisme serbe. Résultat: le pays éclate officiellement en 1992. Il est ravagé par des guerres en Bosnie et en Croatie.

La paix

Après la fin des guerres de Croatie et de Bosnie et les accords de paix, le calme semble revenu dans l’ex-Yougoslavie. Les 6 républiques de l’ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie sont indépendantes : la Serbie, la Croatie, la Macédoine, la Slovénie, la Bosnie-Herzégovine et le Monténégro. Ces républiques sont reconnues par la communauté internationale et donc bien sûr aussi par l’Union européenne. La Slovénie est déjà dans l’Union européenne et toutes les autres républiques sont candidates pour entrer aussi dans l’Union. Mais dans l’ancienne République fédérale socialiste de Yougoslavie, la Serbie compte aussi 2 régions autonomes : la Vojvodine au Nord et le Kosovo au Sud. Le Kosovo est une province de 10 000 km2. Elle est peuplée de 2 millions de musulmans d’origine albanaise et de minorités (serbe, tzigane, turque, …). Dimanche 17 février, c’est le parlement de la province autonome du Kosovo qui a proclamé son indépendance. Le Kosovo a connu les violences comme il y en a eu un peu partout dans l’ancienne Yougoslavie depuis 1989. Dans la moitié des années 1990, des accords de paix ont mis fin aux guerres. Mais ils n’ont pas mis fin aux problèmes du Kosovo.

Le Kosovo

En février 1996, l’Armée de libération du Kosovo (UCK, albanaise) manifeste pour l’indépendance. Elle revendique une série d’attentats à la bombe. C’est le début de nouvelles violences. Pendant toute l’année 1998, il y a une véritable guerre entre l’armée de l’UCK et la police et l’armée serbe. Sous les menaces de l’OTAN, le président serbe Milosevic accepte de retirer les 10 000 policiers serbes présents au Kosovo. Malgré cela, la situation ne se débloque pas. La Serbie refuse tout accord pour l’indépendance du Kosovo. Alors en 1999, l’OTAN, sans l’accord des Nations Unies, bombarde la Serbie pendant 78 jours. Les armées de l’OTAN entrent au Kosovo. Les Nations Unies créent une mission civile et de sécurité dans la province. Mais le statut du Kosovo n’est pas encore réglé. Les Albanais du Kosovo réclament toujours l’indépendance. Depuis 1999, la sécurité n’est toujours pas assurée au Kosovo. Il y a des meurtres raciaux en grand nombre et des milliers de «disparus». Les Serbes et les autres minorités (comme les Tziganes) sont expulsés ou fuient la province. Les Serbes étaient 300 000 en 1999. Ils sont encore environ 100 000 qui vivent dans la province du Kosovo. Et plusieurs dizaines de milliers vivent dans des enclaves, isolés. En proclamant l’indépendance, les autorités albanaises veulent rassurer les Serbes et les autres minorités. La Serbie est évidemment opposée à l’indépendance du Kosovo. Elle devra pourtant la tolérer.

Voici le nouveau drapeau du Kosovo indépendant. Il représente le tracé du territoire surmonté de 6 étoiles. Ces étoiles représentent les 6 principaux groupes ethniques 

Une exception

L’indépendance du Kosovo peut être vue comme la dernière étape de l’éclatement de la Yougoslavie qui a commencé, il y a 20 ans. Et certains diplomates espèrent que l’indépendance du Kosovo est « la dernière pièce du puzzle » de l’ancienne Yougoslavie et des Balkans. Mais l’indépendance du Kosovo peut être vue aussi comme le début d’un nouveau morcellement des territoires de l’ancienne Yougoslavie. Les 30 000 à 40 000 Serbes qui vivent au nord du Kosovo (à la frontière avec la Serbie) pourraient alors demander à être rattachés à la Serbie. Les Serbes qui vivent en Bosnie-Herzégovine aussi. Et il n’y a pas que les Serbes. La minorité croate de Bosnie pourrait réclamer, pourquoi pas, d’être rattachée à la Croatie.  On aurait ainsi 3 nouveaux Etats : une « Grande Serbie », un Etat exclusivement bosniaque et un autre exclusivement croate. Et l’on pourrait continuer. Les 25 % d’Albanais qui vivent au sud de la Macédoine (à la frontière avec l’Albanie) pourraient aussi vouloir être rattachés à l’Albanie. L’indépendance du Kosovo ne serait pas alors la dernière pièce du puzzle yougoslave. Ce serait le début de nouvelles divisions.

L’indépendance du Kosovo pose des questions et pas seulement dans la région des Balkans. La Russie n’apprécie pas l’indépendance du Kosovo. Car il y a, en Russie, des provinces qui pourraient, elles aussi, réclamer leur indépendance. Et même dans l’Union européenne, des pays sont inquiets. L’Espagne, par exemple. Car, en Espagne, il y a la région de Catalogne déjà très autonome qui pourrait demander encore plus de libertés. En reconnaissant l’indépendance de ce qui n’était qu’une province, la communauté internationale fait une exception juridique dans l’ancienne Yougoslavie.  Et cette exception peut servir ceux qui réclament l’indépendance au nom du droit mais qui s’appuient sur le nationalisme extrême, l’exclusion ou le rejet de l’autre.

Thierry Verhoeven

5 réponses

  1. Je suis pour l’indépendance du Kosovo .
    La serbie n’acceptais pas les albanais du Kosovo tendit que les kosovars vont accepter les serbes dans leur pays.
    Le Kosovo est un pays merritant d’être indépendant

  2. un petit rectificatif pour Djamel …

    La province du Kosovo se trouve en Serbie et était peuplée de Serbes kosovars …

    Suite à l’exil de milliers d’Albanais fuyant le régime dictatorial de leur pays, la province serbe du Kosovo s’est vue  » envahie  » de réfugiés albanais !

    On connaît la suite …

    Quant à savoir si ces envahisseurs  » musulmans  » ( tiens donc ! ) accepteront que les serbes d’origine puissent vivre librement sur leurs terres ? L’avenir nous le dira, mais j’ai déjà ma petite idée !

  3. de toute facon de base c est la faute a l europe qui nous en séparé qui en doner le kosovo a la serbi une parti a la macedoine une partie a la grece et une parti au montenegro. Et nous sommes des illyriens nous sommes les premiés venu dans les balkans le kosovo etais une province de l abanie de base et jamais a la serbie. De toute facon il y aura la grande ALBANI

  4. La serbie n’a pas son mot a dire sur l’independence du kosovo et les serbe qui sont au kosovo n’on rien a faire ici le kosovo est notre pays et de toute manière on va récuperer tout ce qui nous apartien

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