vendredi 19 avril 2024

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Le retour du «politique»

Quand la crise financière, partie des Etats-Unis, a touché les banques européennes, qu’a fait l’Union européenne ? Pas grand-chose.
Fin septembre, il y avait bien eu l’accord pour le sauvetage de Fortis par les 3 pays du Benelux: Belgique, Luxembourg, Pays-Bas. Mais les Pays-Bas étaient mécontents de l’accord. Ils l’ont rompu quelques jours plus tard. Certains dirigeants européens avaient bien fait des déclarations pour une réponse européenne à la crise. Mais beaucoup de gouvernements voulaient encore agir seuls pour sauver «leur» système bancaire.

Depuis une dizaine de jours, les choses ont changé. L’Union européenne « politique » est sur le devant de la scène.

En milieu de semaine dernière, les vingt-sept pays de l’Union européenne ont adopté un plan d’action pour lutter contre la crise financière. Le plan reprend les principales mesures définies par les dirigeants politiques des pays de la zone euro, quelques jours plus tôt. Pour certains observateurs, c’est un effet positif de la crise financière: l’Europe est plus unie pour répondre à une situation grave qui dépasse les Etats nationaux et pour répondre aussi à la crise économique qui s’annonce.

Evidemment, les gouvernements des pays agissent toujours sur leur territoire. Mais les actions doivent être aussi discutées au niveau européen.

Et dimanche, l’Union européenne s’est engagée, avec les Etats-Unis, à réunir un sommet mondial pour changer le système financier mondial. Et ce n’est qu’un début, nous dit-on. Avec la crise financière, on voit donc le retour du « politique ». Etats, gouvernements, banques centrales, organisations internationales, … Toutes les structures publiques ou qui ne sont pas complètement soumises à la loi du marché privé interviennent pour sauver le système financier et rendre « la confiance ».

En échange du sauvetage, les dirigeants politiques annoncent de nouvelles règles. Le système financier devra être plus transparent et mieux contrôlé. La gestion de la crise a aussi des effets, disons plus « personnels », sur les dirigeants européens. En Allemagne, Angela Merkel s’était d’abord opposée au plan européen. Elle a ensuite changé d’avis. En Grande-Bretagne, le premier ministre, Gordon Brown, plutôt favorable à un marché sans règles, a lancé un plan de sauvetage des banques britanniques. Ce plan a inspiré le plan de sauvetage des banques européennes. En Belgique, le premier ministre Yves Leterme n’avait pas une très bonne image. Dans la crise des banques Fortis et Dexia, Leterme est intervenu rapidement. Et il a redoré son image.

Mais c’est Nicolas Sarkozy, le président français qui a frappé le plus fort. Considéré comme « l’ami des riches », le président Sarkozy a pourtant fait de nombreuses déclarations pour que l’Europe agisse et mette fin aux abus du système financier. Il s’est opposé publiquement aux « primes de départ » exagérées de dirigeants bancaires fautifs ou «incapables ». Au nom de l’Union européenne (puisque la France est présidente du Conseil de l’Union jusqu’en fin 2008), Sarkozy a poussé l’idée de réunions mondiales des dirigeants de la planète pour modifier les règles du système financier.

Notre système économique, le capitalisme, n’en est pas à la première crise de son histoire. Le capitalisme financier, non plus. L’avenir dira si le retour du politique pour sauver le système changera réellement les règles du jeu.

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