jeudi 28 mars 2024

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Nouvelles cartes politiques

En mai, à Vienne, les dirigeants de l’Union européenne
se sont réunis avec les dirigeants de l’Amérique latine
et des Caraïbes. Derrière ce sommet très officiel, il
y a la question d’un monde plus équilibré, où les
Etats-Unis ne seraient plus tout-puissants. Un nouveau monde porteur d’espoirs
mais aussi de nombreuses questions.

Voyez les cartes. A gauche, c’est l’Union européenne. C’est-à-dire,
l’Europe occidentale plus des pays d’Europe de l’Est: 25
pays et plus de 450 millions d’habitants. A droite, toute l’Amérique
latine et les Caraïbes. C’est-à-dire ce que l’on appelle
l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale et les îles
Caraïbes: 33 pays et 520 millions d’habitants juste en dessous des
Etats-Unis. Deux ensembles d’Etats très différents, séparés
par un océan. Depuis 1998, les chefs d’Etats de ces deux ensembles
se rencontrent tous les deux ans. Ils parlent de leurs échanges commerciaux
et de leurs problèmes communs.
Avant, les Etats-Unis imposaient leur système à beaucoup de pays
d’Amérique du Sud, au nom de la guerre contre le communisme. Les
Usa influençaient aussi beaucoup la politique étrangère
de l’Europe occidentale. Depuis une quinzaine d’années,
le monde a changé. Mais cela pose d’autres questions.

Europe bloquée

Le 29 mai 2005, les Français rejetaient le projet de
traité constitutionnel de
l’Union européenne. Le 1er juin 2005, ce sont les électeurs
des Pays-Bas qui le refusent. Alors, les 25 dirigeants de l’Union décident
de faire une pause d’un an dans l’évolution politique de
l’Europe. Un an plus tard, où en est-on? Les ministres des Affaires étrangères
des 25 pays membres viennent de décider d’attendre encore… Car
l’union politique de l’Europe est en panne.
La France, grand pays européen, est coincée. Après les
manifestations contre le CPE et les révoltes de banlieues de Paris,
le gouvernement français doit faire face au scandale Clearstream. Il
faut attendre l’élection présidentielle de mai 2007 pour
que la situation se débloque. L’Italie vient juste de sortir du
gouvernement Berlusconi, peu favorable à l’Union européenne.
Et Romano Prodi, défenseur de la construction de l’Europe, n’a
pas eu une grande victoire.
Avec les anciens pays socialistes récemment arrivés dans l’Union,
les choses ne vont pas beaucoup mieux. En Pologne, l’extrême droite
vient d’entrer au gouvernement et elle n’est pas très favorable à l’idée
d’Union européenne. Le Monténégro a voté son
indépendance et va se séparer de la Serbie. Les dirigeants politiques
européens et la Commission européenne ont peur que de plus en
plus de petits pays apparaissent et soient candidats à l’Union.
C’est déjà très difficile de gérer l’Union à 25
membres. 

Mouvements

L’Union européenne est donc bloquée politiquement. Par contre, ça
bouge beaucoup en Amérique latine. Evidemment, les pays sud-américains
ne sont pas encore unis comme les 25 pays d’Europe. Depuis plusieurs années,
les pays d’Amérique latine retrouvent, petit à petit, la
démocratie. Ils sortent d’années de régimes militaires
soutenus par les Etats-Unis. Aujourd’hui, un mouvement de gauche secoue
le continent sud-américain. Un ancien syndicaliste, Lula, est à la
tête du Brésil. D’autres pays ont aussi basculé à gauche:
Argentine, Uruguay, Paraguay, Venezuela, Chili et Bolivie. Chacun à leur
manière, ces nouveaux dirigeants annoncent une lutte contre les inégalités.
C’est ce que l’on appelle les nouvelles gauches de gouvernement
car tous les dirigeants ne sont pas du même avis sur les changements.
Il y a ceux qui sont pour des changements très rapides et très
profonds. En Bolivie, le président Morales vient de nationaliser le
pétrole et le gaz. Au Venezuela, Hugo Chavez a une politique ouvertement
anti-Bush. Sans oublier Cuba avec le communiste Castro. Au Chili, la nouvelle
présidente, Michelle Bachelet, ne veut pas bouleverser l’économie.
Mais elle veut plus de justice sociale. Au Brésil, Lula essaie de faire
des changements profonds mais de les négocier à l’intérieur
du pays et à l’extérieur. Ne plus s’aligner sur la
politique des Etats-Unis donne plus de libertés à l’Union
européenne et à l’Amérique du Sud. Mais cela pose
de nouveaux problèmes. Cela crée de nouveaux blocages et de nouvelles
divisions qui ne sont pas simples à surmonter.

Thierry Verhoeven

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