Ils manifestaient le 19 mars. Ils étaient presque 80 000. Qui étaient-ils?
Venus de tous les pays de l’Union européenne: syndicalistes, jeunes,
militantspersonnes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. de mouvements sociaux en tout genre… Ils manifestaient pour une
Europe sociale. Ils se réunissaient à Bruxelles les 22 et 23 mars.
Qui étaient-ils? Les chefs d’Etat et de gouvernement des 25 pays
de l’Union européenne. Ont-ils entendu la voix des manifestants?
![]() Photo: Belga |
Des ballons allongés orange, flottant haut. C’est un syndicat
néerlandais. Des syndicalistes slovènes, portant peaux de moutons
et cloches à la ceinture, font une danse traditionnelle encouragés
par leurs amis qui font tourner leur crécelle. Le légendaire
syndicat des métallurgistes allemands IG metall. Le puissant syndicat
français de la CGTConfédération générale du travail, syndicat français qui a déplacé près de 15 000
militantspersonnes qui s'engagent et qui agissent pour défendre une idée, une cause. pour cette manifabréviation de manifestation. Les syndicats belges, les rouges et les verts:
la FGTBAbréviation de Fédération Générale des Travailleurs de Belgique. Sa couleur: le rouge. et la CSCConfédération des Syndicats Chrétiens. Sa couleur: le vert.. Les petits drapeaux d’ATTAC. Les grands portraits
du révolutionnaire Che Guevara et du penseur Karl Marx portés
par les militants du PTB. Une grande banderole tendue par quelques militants
de «stopchasseauxchômeurs.be ». Un homme déguisé,
chapeau buse et masque de George Bush, distribue des faux dollars contre la
guerre en Irak. Un fameux cortège : 60 000 personnes selon la police,
plus de 90 000 selon certains organisateurs. Un fameux cortège, indiscipliné mais
bon enfant, coloré, enthousiastepersonne enthousiaste: personne qui est très contente et qui le fait savoir. et gai.
Un cortège pour 3 manif’
En tête du cortège la Marche des jeunes pour l’emploi. Une
marche des jeunes pour l’emploi comme au bon vieux temps des années
1980: les jeunesses syndicales, mouvements de jeunes politiques ou d’associations,
organisations de chômeurs… Ils manifestent pour des emplois durables
et de qualité, l’enseignement gratuit, contre le racisme. Puis
la manif du Forum social européen. Un rassemblement de mouvements sociaux
en tout genre. Ils manifestent, disent-ils, pour une Europe sociale, solidaire, égalitaire
et pacifique… Et puis, les organisations syndicales appelées par
la CES à défendre l’Europe sociale. Ils réclament
plus d’emplois et de meilleurs emplois. « C’est le retour
du peuple de gauche », me dit un ami, l’air satisfait.
Bolkestein enterré?
Un peuple de gauche avec des slogansphrases courtes et frappantes pour défendre une idée, une opinion. parfois très différents.
Ce peuple avait aussi une cible précise: la directive Bolkestein. La
directive Bolkestein veut augmenter la concurrencecompétition entre entreprises pour être le plus rentable et gagner des marchés sur le marché des
services. Avec cette directive, une entreprise polonaise peut construire un
bâtiment à Bruxelles en payant salaires, charges sociales et impôts
comme en Pologne… C’est-à-dire : beaucoup moins cher… Au
départ, la directive proposait aussi de libéraliser les services
publics. C’est-à-dire la santé, l’enseignement, etc.
Scandaleux pour le peuple de gauche. Surprise? La directive Bolkestein est
aussi devenue scandaleuse pour plusieurs dirigeants politiques européens.
Quand les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union se sont réunis
quelques jours après la manif, qu’ont-ils dit ? Il faut rediscuter
cette directive. Les dirigeants européens ont entendu le peuple de gauche.
Mais ils ont aussi entendu Jacques Chirac, président de la France. Les
Français donneront leur avis sur le projet de traité constitutionnel
fin mai. Certains voient dans la directive Bolkestein, un symbolePersonne ou chose qui représente bien un sentiment, une idée, qui sert d'exemple de la future
constitution européenne. Beaucoup de manifestants l’ont crié sur
les boulevards de Bruxelles : « non à Bolkestein et non à la
constitution ». Ce cri, les dirigeants européens ne sont pas prêts à l’entendre
: ils défendent, eux, la constitution européenne. Il fallait
donc montrer la différence entre la mauvaise directive et la bonne constitution.
Thierry Verhoeven