Les musées aussi, ça s’apprend

Isabelle Dauchot
 Cahiers >  Allez, culture pour tous ! Le 21 novembre 2014 | Mise en ligne : Lydia Magnoni

Ouvrir en grand la porte des musées à ceux qui en paraissent le plus éloignés. Faire de ces personnes des guides qui ouvriront, à leur tour, la porte à d’autres. C’était le pari du « Cycle Musées », un projet organisé à la FUNOC de Charleroi avec Article 27. Formatrice en alphabétisation, j’ai participé à cette aventure avec mon groupe. Récit.


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Début janvier 2014, la responsable des formations en alphabétisation alphabétisation enseignement des bases de la lecture, de l’écriture, des mathématiques nous propose de participer à un « Cycle Musées », organisé avec Article 27. L’idée est d’inviter des groupes d’apprenants adultes à visiter des musées et des espaces culturels. Mais ils n’en seront pas de simples visiteurs : certains parmi eux prépareront et guideront une visite pour le reste du groupe.
La rentrée n’a pas encore eu lieu et je ne connais pas encore mon futur groupe. Je ne dispose que de noms sur une liste. Enfin, je connais déjà quatre « anciens » : Marie-Angèle, Sammy-Jo, Rachid et Bernard.

Y croire

Moi, j’ai envie d’y croire, car je pense que le musée doit ouvrir ses portes à tous et que, même s’il n’est pas le seul dépositaire de l’Art, il doit pouvoir accueillir les gens qui en paraissent les plus éloignés. J’y crois aussi car je sais que je peux compter sur mes quatre « loustics » pour fédérer le groupe dans une dynamique joyeuse et bienveillante. Alors, j’en parle aux participants dès la rentrée et je lis dans les yeux la curiosité, l’envie, la crainte, l’interrogation,... Pour beaucoup, ce sera une grande première. En effet, certains ne sont jamais entrés dans un musée. D’autres ignorent même ce que l’on y trouve.
Vient le temps de faire des choix, il nous faut deux guides pour le Musée de la Photographie : des doigts se lèvent avec entrain. Nos premiers guides seront Sammy-Jo et Bernard.
Ils partent pour deux matinées de préparation au Musée. Je les vois revenir un grand sourire aux lèvres. Bernard, bien sûr, est déjà au Musée comme un poisson dans l’eau et Sammy-Jo me semble bien épanouie. Je suis curieuse. Ils font des mystères : « On vous prépare des surprises,... »

Y’a photo

Le jour de la visite, nous nous retrouvons au chaud dans le foyer du Musée. Un petit biscuit et un café plus tard, nous partons à la découverte de l’ancien cloître.
Sammy et Bernard ont organisé la visite en pensant à chacun d’entre nous avec, pour fil conducteur, l’idée qu’à travers la photo, nous avons tous quelque chose à voir, à ressentir ressentir avoir une sensation , à exprimer. Ici, la photo d’un départ en avion est l’occasion d’une belle déclaration d’amitié. Là, l’image d’un fil barbelé évoque l’emprisonnement que représente l’illettrisme mais aussi la possibilité de s’en libérer.
Pas de guide professionnel, pas de message élaboré ou intellectualisant mais une écoute et un partage intenses.

Passé minier

Notre deuxième visite nous emmène sur le site historique du Bois du Cazier.
Beaucoup ignorent que, sous la végétation à présent quasi quasi presque luxuriante de ces petites collines qui nous entourent, se trouve enfoui le passé riche et douloureux de notre région. Amina, Donnis et Freddy nous entraînent donc à la découverte de celui-ci. De la salle des Pendus à la lampisterie, de la reconstitution d’une galerie assourdissante de bruit jusqu’aux images de la catastrophe de 1956, les pièces d’un puzzle se mettent en place pour nous aider à mieux comprendre l’histoire de la Wallonie, depuis son passé glorieux à sa lente déliquescence avec, en filigrane l’histoire de l’immigration dans notre pays. Donnis, Amina et Freddy nous guident avec beaucoup d’enthousiasme dans ce lieu chargé d’histoire et d’émotions.

Au Vecteur

En avril, nous nous rendons au Vecteur à la rencontre de Julien Meert pour réaliser une fresque fresque grande peinture faite sur un mur collective.
Une rencontre qui semble impossible : celle d’un artiste contemporain avec un groupe d’apprenants en alphabétisation. D’autant que, cette fois, la communication a été plutôt vague et que nous ne savons pas ce qui nous attend. Et pourtant, la rencontre a lieu. C’est juste une rencontre entre un homme ouvert et des hommes et des femmes qui n’ont pas d’à priori, et sont capables de trouver du plaisir à réaliser un dessin, à mettre en commun des idées et des énergies.
J’ai eu un plaisir immense ce jour-là à travailler aux côtés des participants, à dessiner, à peindre, à grimper sur une échelle pour apposer un peu de bleu sur un oeil ou de jaune sur un nez.
Le plaisir, était-il le but recherché ? Nous avons tous l’air tellement heureux sur les photos. Qu’avait en tête Julien en imaginant cette activité ? Pourquoi n’a-t-il pas ajouté d’éléments à cette fresque comme il le pensait au départ ?

A chacun son art

La joie de tous était bien présente et pourtant, les apprenants ne sont pas venus au vernissage. Se sentaient-ils vraiment faire partie d’un projet artistique ?
Les milieux culturels, les musées sont-ils vraiment prêts à aller vers un autre public ? Les portes sont ouvertes, c’est déjà un grand pas. Le lien doit se construire, il passe par la connaissance de l’autre, de sa culture, de son « art », oui de son art à lui.
Tout au long de ce cycle, j’ai été épatée par les participants. Ils ont été curieux, ouverts, heureux, étonnés, interrogateurs, perplexes mais jamais blasés. Ils m’ont appris tant de choses encore, m’ont enrichie par leur générosité, bouleversée par leur sincérité.

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