La nuit du 14 avril, un incendie éclate dans un hôtel au centre
de Paris. Bilan 22 morts et 33 blessés. La plupart des victimes sont d’origine
africaine. Au-delà d’un tragique fait divers, c’est la question
de la politique d’accueil des étrangers en Europe qui se pose. C’est
aussi celle du fossé qui se creuse entre les riches et les pauvres sur
notre planète.
L’hôtel qui a brûlé n’était pas destiné aux
touristes mais abritait principalement des familles qui vivaient à Paris
toute l’année. La majorité de celles-ci étaient
sans papiers ou en attente de régularisation. Quand on n’a pas
de papiers, on ne peut pas avoir accès à un logement, on ne peut
pas travailler légalement, on n’a pas d’argent.
Du rêve…
Dans les pays occidentaux, beaucoup de gens sont victimes de ce triste sort.
Ces hommes, ces femmes et ces enfants ont quitté leur pays en guerre
ou ont fui une situation de famine. Ils sont venus ici, dans les régions «les
plus riches» du monde, en espérant que leur vie serait un peu
meilleure.
Hélas ! Nos pays de cocagne ne veulent pas partager leurs richesses.
Ni avec les gens venus d’ailleurs, ni avec leurs compatriotes les plus
pauvres, d’ailleurs. Ces gens vivent dans la précarité la
plus totale. Ils sont logés dans des casernes qui ressemblent à des
prisons ou dans des hôtels insalubres que des propriétaires malhonnêtes
louent une fortune aux états ou aux associations d’aides aux démunis.
Au cauchemar
Ils vivent par familles entières dans des chambres minuscules. Parfois,
ils n’ont pas le droit de cuisiner et ils mangent froid. Parfois la plomberie
est défectueuse et il n’y a pas d’eau. Souvent l’installation électrique
n’est pas aux normes et c’est dangereux. Il arrive aussi que les
plafonds s’effondrent, que l’humidité s’installe avec
tous les risques pour la santé, ou qu’il n’y ait pas de
chauffage. Mais ils ne sont pas seuls, les cafards viennent leur rendre régulièrement
visite !
Dans ces hôtels, il arrive souvent que les familles soient priées
de partir, qu’elles aient une heure pour déguerpir parce que l’hôtelier
a besoin de ses chambres pour la saison touristique et que ça lui rapportera
plus d’argent.
Si ces chambres coûtent si cher, pourquoi l’Etat ne trouve-t-il
pas des solutions plus stables et moins chères pour loger tous ces irrégularisés?
Probablement parce que loger ces gens dans des endroits miteux signifie ne
pas s’engager sur leur sort, ne pas ouvertement accepter de mettre en
place une solidarité vis-à-vis des peuples qui fuient des pays
dont nos pays riches tirent largement profit. Parce qu’aussi en laissant
les familles dans des conditions insalubres, on espère hypocritement
les dégoûter et les pousser à quitter le terrain sans avoir
dû le dire ouvertement. Nous terminerons sur cette citation d’Albert
Jacquart : «Désormais la solidarité la plus nécessaire
est celle de l’ensemble des habitants de la Terre.»
Marie-Luce Scieur