Depuis la rentrée, les journaux étrangers parlent beaucoup de notre petite Belgique. Certains annoncent la fin de la Belgique, d’autres déclarent qu’il est temps de se rendre à l’évidence, qu’il faut reconnaître l’échec… D’autres journaux annoncent même une guerre civile. A les écouter, on est dans une situation catastrophique. Alors, info ou intox ?
Photo: Belga
Comme dans tous les pays, beaucoup de journalistes étrangers résident en Belgique. Ils y sont envoyés par le journal ou la chaîne de TV pour laquelle ils travaillent. Ce sont eux qui écrivent les articles concernant la crise en Belgique pour tous les journaux du monde. Et avec la crise, il y a eu beaucoup d’articles et surtout des titres chocs dans la presse étrangère. Ainsi on a pu lire : Est-ce l’heure de mettre fin à la Belgique (The Economist, le 8 septembre) ; Les appels à la scission s’amplifient en Belgique (Herald Tribune, le 21 septembre) ; Un clashdésaccord violent culturel pourrait briser la Belgique (Financial Time, le 19 septembre) ; Et si la Belgique éclatait ? (Le Figaro Magazine).
Info ou intox ?
Ce point de vue reflète-t-il vraiment la manière dont les journalistes, qui ne sont pas belges et n’ont pas baigné depuis toujours dans notre pays si particulier, vivent les choses ? Ou une certaine presse a-t-elle intérêt à faire des titres chocs ? C’est vrai que ces journalistes voient les choses avec un œil extérieur. C’est sans doute un avantage. C’est aussi un handicap. En effet, à force d’être plongé dans un problème, on finit par s’y habituer. Et on ne se rend pas toujours compte quand les choses sont graves. Les journalistes étrangers ont, eux, un œil extérieur et critique sur le problème. Ils peuvent sans doute voir les choses avec plus de recul. D’un autre côté, ces journalistes étrangers risquent de regarder les choses avec d’autres références (comme la Yougoslavie : des peuples de culture, des richesses et de langue différentes qui s’opposent) et ne pas voir les particularités de notre cas. On risque alors l’amalgamemélange de choses différentes.
Les journaux étrangers ont parfois choisi de présenter les extrêmes. Ainsi le Herald Tribune a interrogé Philip Dewinter, président du Vlaams Belang"Intérêt flamand" en français, nouveau nom du Vlaams Blok, parti d'extrême droite flamand, parti d’extrême droite flamand. Or, si ce parti a obtenu 19 % des voix en Flandre, il y a quand même 81 % de la population flamande qui n’a pas voté pour lui.
Quelques jours avant cette interview, tous les autres partis flamands avaient refusé de signer une motion proposée par ce parti et demandant un référendum auprès de la population pour savoir si les gens étaient pour ou contre le séparatisme.
Il ne faut pas oublier non plus que des titres annonçant une catastrophe font augmenter les ventes. Certains journaux ont volontairement dramatisé la situation pour vendre plus. Ensuite c’est la surenchère. Il faut faire plus fort et plus choc que le voisin.
L’Europe, plus crédible ?
Les pays européens ont des raisons particulières d’être inquiets. Bruxelles est la capitale de l’Union européenne.. La capitale de l’Union européenne en pleine crise, ça ne fait pas très sérieux aux yeux du monde extérieur. Pourtant à l’intérieur du pays, personne ne semble vraiment catastrophé. Car on se dit que l’on va trouver une solution, comme toujours…
Marie-Luce Scieur