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BHV. Les initiales de Bruxelles Hal Vilvorde. Un dossier épineux qui empoisonne
la vie du gouvernement Verhofstafdt II et qui a bien failli le faire tomber.
Ce dossier a aussi empoisonné le climat entre francophones et néerlandophones.
Finalement, il a été mis au frigo jusqu’aux prochaines élections
législatives. Sage décision ?
Nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises.
Les Flamands veulent la scission de Bruxelles Hal Vilvorde. Les bourgmestres
de plusieurs de ces communes ont même fait pression sur le gouvernement,
menaçant de ne pas organiser les élections dans leurs communes
si on ne trouvait pas de solution au problème. Bruxelles Hal Vilvorde
est un arrondissement judiciaire et une circonscription électorale.
Il comprend les 19 communes de Bruxelles et six communes du Brabant flamand.
Cela signifie que ses habitants peuvent avoir accès à des tribunaux
francophones et néerlandophones. Ils peuvent aussi voter pour des candidats
francophones et néerlandophones. En fait, les Flamands souhaiteraient
que cet arrondissement soit coupé en deux. D’un côté Bruxelles
qui resterait bilingue, de l’autre, Hal et Vilvorde qui est en territoire
flamand et serait rattaché à Louvain.
Une guéguerre communautaire
Les francophones ne veulent pas de cette scission. En effet, 120 000 francophones
vivent dans les communes de cet arrondissement. S’il est scindé,
ils ne pourraient plus avoir accès à la justice en français.
Ils ne pourraient plus voter non plus pour des candidats des listes francophones.
Les Flamands, eux, réclament cette scission parce que Hal et Vilvorde
sont en territoire flamand. C’est-à-dire de leur côté de
la frontière linguistique définie en 1963. Pour eux, ces deux
communes font partie de la Flandre. Il n’y a pas de raison qu’elles
soient dans un arrondissement bilingue.
Les Flamands mettent ainsi en avant le droit du sol. Les Francophones, le
droit des gens. Vieil air connu et dialogue de sourds. Pour essayer de remédier à cette
situation, une loi avait été votée en 2002 par la majorité arc-en-ciel.
Cette loi prévoyait de permettre aux néerlandophones de présenter
des listes communes dans la circonscription de BHV et dans celle de Leuven.
Ce que la Cour d’arbitrage a refusé en mai 2003. Elle a aussi
fixé la date du 19 juin 2007 pour trouver une solution acceptable par
tous.
40 ans de discussions
Ce dossier n’est pas nouveau. Il remonte à la création
de la frontière linguistique. Cette frontière traverse l’arrondissement
BHV. Celui-ci est à cheval entre les deux régions linguistiques.
40 ans que l’on essaie de trouver une solution pour concilier des points
de vue apparemment inconciliables. Pourquoi les choses se sont-elles accélérées?
Ce qui a changé c’est qu’un parti flamingant, la NV-A, est
arrivé au pouvoir en Flandre. Il a obtenu des autres partis du gouvernement
flamand la promesse de scinder cet arrondissement. Les partis flamands veulent
donc ouvrir la discussion des propositions de loi aboutissant à la scission
de BHV. Ce qui entraînerait le départ immédiat des francophones.
Et la chute du gouvernement Verhofstadt II. Et des élections anticipées.
Aucun parti démocratique ne veut de ces élections anticipées.
La campagne électorale, après une chute du gouvernement est toujours
agressive. Et le gouvernement qui suit, très difficile à former.
Le Vlaams Belang"Intérêt flamand" en français, nouveau nom du Vlaams Blok, parti d'extrême droite flamand serait le seul à gagner quelque chose en cas d’élections
anticipées.
Un groupe de travail équilibré linguistiquement a été créé.
12 négociateurs (six francophones, six néerlandophones) puis
treize (6-6 et Guy Verhofstadt jouant le rôle d’arbitre) se sont
réunis sept fois sous la présidence de Johan Van de Lanotte et
Didier Reynders.
Finalement, ils ont décidé de ne prendre aucune décision
dans ce dossier avant les prochaines élections. En effet, nos élus
ont sagement estimé qu’il fallait un climat serein pour prendre
de bonnes décisions. Ce qui est impossible avant des élections.
Oui mais … C’est le prochain gouvernement qui hérite de la patate
chaude…
Lydia Magnoni