mercredi 3 juillet 2024

L’ESSENTIEL L’information simple comme bonjour

Les patrons gagnent-ils trop?


Photo: Belga

Picanol est une entreprise qui fabrique des métiers à
tisser. Son patron, Jan Coene, s’était réservé en
salaire la moitié du bénéfice de l’entreprise (voir
ci-dessous). Qu’en est-il des autres?

En Belgique, tous les patrons ne sont pas comme Jan Coene. Mais
ils gagnent bien leur vie: les chefs de nos plus grandes entreprises ont un
salaire d’1,1 million d’euros par an! Le patron de Fortis, lui,
empoche 2 millions d’euros chaque année. C’est évidemment
énorme par rapport au salaire but moyen qui est 2 500 euros. Mais les
patrons belges ne sont pas les plus gourmands. L’an dernier, le patron
américain qui dirige Colgate-Palmolive a mis en poche l’équivalent
de 110 millions d’euros. Cette somme correspond à 10% des bénéfices
du groupe. C’est cent fois plus que ce que gagnent les grands patrons
belges. Néanmoins, pour éviter que certains patrons exagèrent,
on parle de plus en plus de les obliger à rendre leur salaire public.

Obliger les patrons à révéler leur salaire

Dans les grandes entreprises, il y a deux types de dirigeants: les directeurs
et les administrateurs. Les premiers se réunissent régulièrement
(par exemple, une fois par mois) pour discuter des grandes questions de l’entreprise:
sa stratégie, ses comptes, ses alliances… Les seconds, eux, dirigent
l’entreprise au jour le jour. Le chef des directeurs, le directeur général,
est le patron de l’entreprise.

Depuis peu, en Belgique, les plus grandes sociétés, (celles qui
sont cotées en Bourse) sont obligées de révéler
ce que gagnent leurs administrateurs. Certains veulent aller plus loin. Deux
sénateurs libéraux flamands ont présenté, au Parlement,
une proposition de loi pour que les patrons des sociétés cotées
en Bourse soient plus transparents. L’idée est que les dirigeants,
qu’ils soient administrateurs ou directeurs, déclarent personnellement
leur salaire et, plus généralement tout ce que l’entreprise
leur paie. Parce qu’en plus des salaires, les patrons reçoivent
aussi des primes qui sont calculées sur les bénéfices,
des actions, des voitures, des suppléments de pension…

Plus de justice sociale

Curieusement, les chefs d’entreprise ne sont pas opposés au principe.
En effet, dans le code de bonne conduite des entreprises qui devrait être
achevé fin de l’année, il est recommandé de livrer
le salaire individuel du patron des sociétés cotées. Une
plus grande transparence permet d’attirer les investisseurs
étrangers. Elle permet aussi plus de justice sociale: les richesses sont
mieux partagées entre patrons et travailleurs quand on connaît
les salaires de chacun. En Allemagne, les syndicats participent à la
gestion des entreprises et ont donc toutes les informations. Et c’est
précisément en Allemagne que le salaire des patrons est le plus
bas…

Pierre-Henri Thomas


La question du salaire des patrons est revenue sur le devant de la scène
à cause des excès du président de Belgacom, Jan Coene.
Cet homme est un proche des libéraux flamands du VLD. Jan Coene n’était
pas que président de Belgacom. Il était aussi le patron de la
société flamande Picanol. Cette entreprise est spécialisée
dans la fabrication des métiers à tisser, qu’elle vend un
peu partout dans le monde, de la Turquie à la Chine. Jan Coene avait
été choisi pour la diriger voici un peu plus de trois ans. Ce
qu’on ne savait pas, c’est qu’il avait négocié
en secret un salaire extraordinairement élevé. En trois ans, il
aurait dû percevoir plus de 22 millions d’euros, soit 880 millions
d’anciens francs belges. Cet argent était payé sous plusieurs
formes: en salaire, mais aussi en actions et en primes diverses. C’était
plus que trois fois le salaire du patron de Fortis, qui est le mieux payé
de Belgique. C’était aussi presque la moitié du total des
bénéfices de l’entreprise au cours de ces trois années.
Quand le scandale a éclaté, Jan Coene a accepté de rendre
une partie de l’argent, soit environ une dizaine de millions d’euros.
Il a aussi démissionné, à la fois comme patron de Picanol
et comme président de Belgacom. Mais il a gardé douze millions
d’euros…

Une réponse

  1. Une question se pose : comment est-il possible qu’un Jan Coene soit passé ainsi inaperçu pendant de si longues années (il ne faut pas oublier que sa carrière a débuté en 85 ) ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

À propos

Par son existence même, le site de l’Essentiel mène des actions pour encourager la lisibilité des textes écrits. Les articles du site www. journal-essentiel.be sont écrits dans un langage accessible à tous, quelque soit son niveau de lecture de départ. Et les mots incontournables sont expliqués dans un glossaire qui accompagne l’article. Mais le site s’inscrit aussi dans un combat plus large.

Articles récents
image-5-10
Victoire de la N-VA, oui, mais...
2024-06-09T202459Z_2054971225_MT1HNSLCS000I55JYK_RTRMADP_3_HANS-LUCAS (1)
Contre l'extrême droite, Macron joue son va-tout
parlementfederalcamembert
Elections, barre à droite et division Nord/Sud
Newsletter

Restez informé, inscrivez-vous à notre newsletter, c’est gratuit et utile !

Nous suivre