lundi 22 juillet 2024

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Pas en mon nom !

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Hervé Gourdel était un touriste français. Il faisait de la randonnée en Algérie. Il a été capturé puis égorgé et décapité par des jihadistes algériens, alliés de l’Etat islamique. Les assassins ont mis sur Internet la vidéo de la mise à mort, le 24 septembre. Il y a, en France, une grande émotion. Musulmans et non musulmans rendent hommage à Hervé Gourdel. Et le 28 septembre, mille personnes ont manifesté à Paris. Pas en mon nom ? Soumia, une musulmane de 30 ans, a participé à la manifestation et elle déclare au journal Le Monde: « Je n’ai pas envie de venir à la manifestation en tant que musulmane mais en tant qu’être humain, je ne suis pas une criminelle, je ne viens pas pour m’excuser. » Des mots qui font penser à ce que nous répondait Jamila, musulmane de 27 ans, dans notre interview parue le 22 septembre : « Pour nous, c’est évident que l’Etat islamique, ce sont des criminels, ce ne sont pas des musulmans. C’est sans doute pour ça qu’on ne réagit pas assez. » Elle répondait ainsi à notre question : « Des autorités musulmanes condamnent l’Etat islamique. Est-ce que plus de musulmans ne devraient pas réagir de la même façon ? » Derrière cela, la vraie question est: les musulmans doivent-ils condamner l’Etat islamique parce qu’ils sont musulmans ou parce qu’ils sont des êtres humains tout simplement ? Dénoncer publiquement ou pas ? Le débat est lancé depuis la vidéo « Pas en mon nom.» Dans cette vidéo, des musulmans britanniques disent à l’Etat islamique : « Ne faites pas vos crimes en mon nom ». Au nom des musulmans. Ils appellent les autres musulmans à faire la même chose sur les réseaux sociaux. Le débat est encore plus vif depuis l’assassinat du Français Hervé Gourdel. Les musulmanes et les musulmans qui ne manifestent pas contre l’Etat islamique sont-ils pour l’Etat islamique ? Evidemment non. Mais pourquoi alors leur demander ? Comme nous l’avons un peu fait par notre question à Jamila: Est-ce que plus de musulmans ne devraient pas réagir de la même façon ? Et d’autres vont plus loin… Le Conseil français du culte musulman avait appelé les musulmans à se rassembler devant la Grande Mosquée de Paris, le 26 septembre. Se rassembler en hommage au Français assassiné et pour condamner les terroristes. Et la veille du 26, le journal Le Figaro a fait un sondage avec cette question : « Pensez-vous suffisante la condamnation des musulmans de France après l’assassinat d’Hervé Gourdel? » 1 677 personnes ont répondu et 92 % ont dit « non ». Le journal a reconnu que c’était un sondage maladroit. Un musulman a réagi au sondage ainsi : « Non, je n’irai pas manifester devant la Mosquée de Paris. Si je dois y aller, c’est en tant que Français, horrifié qu’on ait égorgé un autre Français. Pas en tant que musulman. Est-ce qu’on demande aux chrétiens d’aller manifester pour dénoncer les crimes du Ku Klux Klan ? » Et on pourrait ajouter : demande-t-on aux catholiques de s’excuser pour les papes Jean-Paul II et Benoît XVI quand ils allaient en Afrique pour interdire le préservatif contre la maladie du sida ? Alors qu’en Afrique, le sida a fait 25 millions de morts en 20 ans… Racisme ? Les musulmans ne seraient peut-être pas des « croyants » comme les autres ? Lisons ce témoignage de ce musulman non pratiquant, qui a manifesté: « Je suis né en Tunisie, je suis très bien intégré ici en France. Je suis là aujourd’hui car je ne veux pas que l’islam soit confisqué par ces barbares de l’Etat islamique. J’ai peur qu’on nous assimile avec eux. » Des musulmans ont peur d’être mis dans le « même sac » que les assassins de l’Etat islamique. C’est sans doute la preuve qu’il y a toujours un certain racisme pas seulement contre les musulmans mais, disons le tout net, contre « les Arabes » ! Le site d’information rue89 souligne d’ailleurs : « La logique qui est dans tout cela est terrible. Elle présuppose que les musulmans seraient, par défaut, d’accord avec des actes des terroristes. Elle présuppose que tout musulman est relié au terrorisme islamiste et qu’il doit publiquement couper ce lien. Elle présuppose un soupçon immédiat. Un soupçon qui parfois se montre mais qui est le plus souvent caché, voire intériorisé par les musulmans eux-mêmes. » Au-delà de l’Etat islamique, au-delà de la guerre, voilà un débat pour nos sociétés, un débat qui nous concerne toutes et tous, ici et maintenant.

A lire aussi nos articles:

Les autorités musulmanes condamnent l’Etat islamique La vidéo de #Not in my name L’interview de Jamila Et aussi dans le journal Le Monde Les témoignages de manifestants devant la Grande Mosquée de Paris Les témoignages lors de la manifestation du 28 septembre

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