Marine Le Pen et d’autres dirigeants du Rassemblement national ont été condamnés pour détournement d’argent public. Pour la justice, les assistants de députés européens payés avec l’argent de l’Europe faisaient autre chose que de travailler pour leur député européen. Et ça, c’est illégal. Les condamnés ont fait appel contre le jugement.
Marine Le Pen a été jugée coupable d’avoir détourné des fonds publics européens. Elle a été condamnée à 4 ans de prison dont 2 ans ferme, aménageables avec bracelet électronique, 100 000 euros d’amende et 5 ans d’inéligibilitéLe fait de ne plus pouvoir se présenter aux élections, d'être inéligible. avec application immédiate. Marine Le Pen est la dirigeante la plus connue du Rassemblement national à avoir été condamnée. Le tribunal a aussi condamné 8 anciens députés du Rassemblement national et des personnes engagées par eux comme assistantes parlementaires. Pour la justice, c’est au total environ 4 millions d’euros d’argent européen qui ont été détournés. Le parti Rassemblement national est d’ailleurs condamné à plus de 2 millions d’euros d’amende.
Le non-Européen
Les députés du parlement européen peuvent engager des assistants pour les aider dans leur travail. Ces assistants sont payés avec de l’argent du parlement européen, avec de l’argent public. Jusqu’ici, c’est normal. Ces assistants ne travaillaient pas pour le député du parti, mais pour le parti. Certains travaillaient dans des fédérations locales du parti. D’autres faisaient un travail qui n’était même pas politique. Ce n’est pas légal. C’est ce que l’on appelle du détournement de fonds. L’argent ne payait pas pour du travail au parlement européen, mais pour autre chose. Pour mieux comprendre, voici deux exemples.
L’ex belle-sœur
De 2008 à 2016, l’ex belle-sœur de Marine Le Pen est déclarée comme assistante parlementaire de Marine Le Pen au Parlement européen. En 2016, elle touchait 4 470 euros brut par mois pour un 4/5 temps. Cette ex belle-sœur était en même temps cheffe du secrétariat puis cheffe de cabinet de Marine Le Pen. Un autre exemple ?
Le compagnon
En 2012, Marine Le Pen engage son compagnon de l’époque Louis Aliot. Pour un travail de 17,5 heures par semaine, il touche plus de 5 000 euros bruts par mois. Louis Aliot est le vice-président du Rassemblement national. Il ne fait pas e travail européen. Les services du parlement européen réagissent, ils rappellent la règle à Marine Le Pen : les subventions européennes ne peuvent pas servir à payer un travail pour un parti politique et le la personne engagée ne doit pas être de la famille proche ou être partenaire de vie du député.
Le père faisait pareil
Marine Le Pen n’a pas tenu compte de ces avertissements. Cette pratique contraire à la loi existait déjà du temps du Front national et du père de Marine Le Pen. Jean-Marie Le Pen avait un moment engagé comme assistants parlementaires son majordomeServiteur personnel et de luxe. et sa secrétaire particulière. Cela se fait depuis longtemps au Front national puis au Rassemblement national.
Un système « normal »
Cela se fait aussi dans d’autres partis. D’ailleurs, des responsables d’autres partis ont déjà été condamnés pour les mêmes raisons. Si les peines sont lourdes pour le Rassemblement national, c’est parce que ce détournement d’argent était très bien organisé et généralisé dans l’ensemble du parti. C’est aussi sans doute parce que les dirigeants inculpés n’ont pas reconnu leur faute. Malgré toutes les preuves de détournement d’argent, les dirigeants du Rassemblement national trouvent cela normal. Les condamnés ont fait appel contre le jugement.