Depuis le 1er janvier 2005, 90% des pilules
contraceptives ne sont plus remboursées
par l’assurance-maladie. C’est la conséquence d’un
bras de fer entre les firmes qui les fabriquent et le ministre de la Santé publique,
Rudy Demotte. Heureusement, les femmes de moins de 21 ans peuvent continuer à bénéficier
d’une réduction de prix. Les autres peuvent acheter des médicaments
génériques.
En décembre, cinq fabricants de médicaments ont exigé que
14 marques de pilules contraceptives ne soient plus remboursées par
la sécurité sociale. Le ministre Demotte a été obligé d’accepter
ce déremboursement. Sinon, il aurait dû payer des amendes à ces
firmes. Ces médicaments coûtent maintenant 20% de plus aux femmes.
Soit généralement, 1 euro de plus par boîte. Les firmes
veulent ainsi avoir les mains libres pour augmenter le prix de ces produits.
Les femmes de moins de 21 ans continuent pourtant à bénéficier
d’une réduction d’environ trois euros par mois sur le prix
du médicament. Pour elles, certaines pilules restent gratuites ou coûtent
moins d’un euro.
Les autres utilisatrices peuvent toujours acheter des
médicaments génériques moins chers. Par exemple les pilules Désorelle qui sont des versions
génériques des Marvelon et des Mercilon. Ces pilules génériques
restent remboursées partiellement (-20%) en 2005. «Notre politique
a toujours été de s’inscrire
dans une politique sociale de santé publique en matière de contraception
et d’offrir un accès aux moyens contraceptifs au meilleur coût»,
explique la société Mithra Pharmaceuticals qui commercialise
ces deux «produits blancs».
Prix fort
La Fédération des centres de planning familial des
femmes prévoyantes
socialistes et la Fédération laïque des centres de planning
familial s’inquiètent de l’attitude des firmes pharmaceutiques. «Sortir
du processus de remboursement permettra aux firmes, à plus ou moins
brève échéance, d’augmenter leur prix de façon
arbitrairequi n'est pas lié à des règles précises, qui dépend de la seule volonté., et par là de renforcer la tendance au prix fort engagée
avec leurs pilules les plus chères», commentent les femmes prévoyantes.
Les effets négatifs de cette décision peuvent déjà être
identifiés: recoursfaire un recours, c'est faire appel à une institution (justice, ministère,...) contre une décision officielle qu'on pense injuste. à des moyens contraceptifs plus aléatoires,
accroissement du nombre d’avortements, inconfort psychologique des couples
déjà précarisés.» Le
président de
la Fédération laïque compte inviter les gens à recourir à des
contraceptifs génériques ou remboursés et à boycotter certains
somnifères commercialisés par ces firmes.
Plus fondamentalement,
certains observateurs estiment que ce déremboursement
est une atteinte à l’émancipation sexuelle des femmes.
Une émancipation obtenue après de longues luttes du mouvement
féministe.
Les négociations continuent
En réaction à ce bras de fer
avec l’industrie du médicament,
le ministre Demotte a décidé de lancer un appel d’offres
pour choisir une seule pilule qui continuerait à être remboursée.
Les 4 firmes pharmaceutiques concernées doivent proposer un prix pour
une de leurs pilules. Et le laboratoire qui proposera la pilule la moins chère
remportera le marché et sera remboursée. Le ministre étudie
aussi la possibilité de relever jusqu’à 26 ans la limite
d’âge pour bénéficier de l’aide financière
qui est aujourd’hui accordée jusqu’à 21 ans. Est-ce
l’effet de cette concurrencecompétition entre entreprises pour être le plus rentable et gagner des marchés imposée par le ministre? Début
janvier, les firmes pharmaceutiques ont annoncé qu’elles pourraient
peut-être finalement revenir sur leur décision. A cause, disent-elles,
des réactions «émotionnelles» de l’opinion
publique. Des négociations sont actuellement en cours. Si elles aboutissent,
les 14 pilules pourraient à nouveau être remboursées fin
janvier.
Vincent Thomasson
Les 14 pilules déremboursées
Cilest, Ovysem et Trinovum. Femodene,
Harmonet, Marvelon, Meliane, Mercilon, Microlut, Minulet, Neogynon 21, Ovidol,
Tri-Minulet et Triodene.