mercredi 3 juillet 2024

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Tuer au nom de Dieu

Les valeurs que l’on retrouve dans les textes sacrés sont généreuses et tolérantes. Mais souvent des Eglises, des responsables religieux interprètent ces textes. Ces interprétations trahissent parfois les messages de départ. Elles font des courants religieux des instruments de pouvoir. Chaque courant religieux considère qu’il a LA vérité.
Le christianisme et l’islam étaient des religions très prosélytes. Etre prosélyte c’est vouloir convertir un maximum de personnes à ses croyances. Ces deux religions se sont aussi répandues sur de grands territoires suite à leurs conquêtes. Au cours de l’Histoire, les religions ont souvent servi de prétexte pour justifier des guerres et des conquêtes politiques.

Entre le judaïsme et l’islam…

Les juifs, eux, n’ont pas essayé de convertir les autres à leur religion. Pour la Torah, ils sont le peuple élu, l’agent de Dieu sur Terre qui doit révéler le Dieu unique à toute l’Humanité. La Torah leur attribue même un territoire : le pays de Canaan. Leur but n’est donc pas de conquérir d’autres territoires mais de récupérer et de garder ce territoire sacré.
A l’origine, les juifs étaient un peuple nomade. Ils ont souvent été chassés. Ils se sont dispersés à travers le monde. C’est ce qu’on appelle la diaspora. Ils ont protégé leur religion et leurs croyances en vivant en communauté fermée et en évitant de se mélanger à d’autres religions par le mariage. Peu à peu, les juifs réclament un Etat à eux, pour pouvoir y vivre.

Pendant la seconde guerre mondiale, six millions de juifs ont été tués dans les camps nazis. Après la guerre, on ne pouvait plus refuser aux juifs un Etat. En 1948, les Nations Unies décident de donner un territoire au juifs : l’Etat d’Israël. Cependant, sur ce territoire vivaient des Palestiniens. Jérusalem était leur capitale. Elle est aujourd’hui la capitale des deux peuples. De plus, le pays de Canaan décrit dans la Bible est plus grand que l’Etat d’Israël. Israël a alors expulsé des Palestiniens et occupe encore aujourd’hui des territoires qui sont des territoires palestiniens. Donc, depuis la création de l’Etat d’Israël, il y a des guerres violentes dans la région. Et on ne voit pas encore comment arriver à une paix véritable.

Entre le christianisme et l’islam…

Au Moyen Age, les chrétiens ont fait croisade «pour aller délivrer le tombeau du Christ et tuer les infidèles ». Ils voulaient récupérer Jérusalem, alors occupée par les musulmans. A cette époque, la culture musulmane était très étendue, très prospère et très tolérante dans cette région. Au cours des croisades, les chrétiens ont pillé et massacré, au nom de leur religion.

Aujourd’hui, certains courants extrémistes qui se réclament de l’islam ont décidé de mener une guerre contre les pays de tradition chrétienne. Et on assiste partout dans le monde à des attentats sanglants. Comme ceux de Paris et de Copenhague.

Entre le judaïsme et le christianisme

Au fil du temps, les juifs se sont souvent opposés aux chrétiens. Les chrétiens considéraient que les juifs étaient responsables de la mort de Jésus et les pourchassaient, les emprisonnaient ou les exterminaient. Lors de la seconde guerre mondiale, Hitler s’est aussi servi de la religion comme prétexte pour justifier le massacre des juifs.

Des divisions chez les juifs

Chacune de ces religions s’est divisée en plusieurs courants au cours de l’Histoire. Vers l’an 70 après Jésus-Christ, les juifs, ont été chassés de Judée par les soldats de l’Empire romain. Il se sont alors séparés en deux groupes. Les juifs ashkénazes sont partis vers l’Europe centrale et l’Europe de l’est. Les juifs séfarades sont partis vers l’Europe du sud. Et ils ont rejoint plus tard l’Afrique du Nord. La langue des juifs, l’hébreu, s’est mélangée aux langues des régions où ils se sont installés. Du coup, il y a des différences dans la prononciation des mots. On trouve aussi des différences culturelles : la cuisine, les traditions, les fêtes.
A côté de cela, d’autres courants existent dans la religion juive. Certains plus pratiquants ou plus à cheval sur la tradition que d’autres. Les juifs « orthodoxes » par exemple, vivent dans des communautés très fermées. Ils respectent les traditions des origines à la lettre. Ils sont très conservateurs. Ils considèrent que leur interprétation est la seule valable. On trouve ces communautés aux Etats-Unis, en Europe. Ils sont aussi très présents en Israël où ils jouent un grand rôle politique et refusent de négocier avec les Palestiniens pour vivre en paix.

Des divisions chez les chrétiens

Les chrétiens se sont séparés en trois grands courants au cours de l’Histoire. La première séparation a eu lieu au 11ème siècle après Jésus-Christ. Le christianisme s’était répandu sur les restes de l’Empire romain. Il était divisé en deux grandes zones géographiques : l’Orient dont la capitale était Constantinople (actuellement Istanbul) et l’Occident dont la capitale était Rome. Au 11ème siècle, Les chrétiens d’Orient et d’Occident se séparent officiellement. Les chrétiens d’Orient deviennent les orthodoxes. Ils ne reconnaissent pas le Pape comme chef de l’Eglise. Les chrétiens d’Occident deviennent les catholiques. Ils reconnaissent le Pape comme chef de l’Eglise.
Cinq cents ans plus tard, au 16ème siècle, il y a une nouvelle séparation. Martin Luther dénonce l’Eglise. L’Eglise accumule les richesses, n’aide pas les pauvres et demande de l’argent pour pardonner les péchés. C’est à ce moment que se crée un nouveau courant qui va se séparer des catholiques. Ce nouveau courant s’appellera le protestantisme. On le retrouvera en Allemagne, en Angleterre et dans le sud-ouest de la France.

Des divisions chez les musulmans

Chez les musulmans, à la mort du prophète Mahomet en 632, il a fallu désigner un successeur. Deux grands clans s’opposent. Les sunnites d’un côté qui désignent Abou Bakr, un homme ordinaire, compagnon de toujours de Mahomet. Il prône le retour aux traditions des tribus. Les chiites, de l’autre côté, désignent Ali, fils spirituel et gendre de Mahomet, au nom des liens du sang.
Ces deux courants ont une approche différente de la religion et du pouvoir politique. Les sunnites, majoritaires, acceptent que les autorités religieuses et politiques soient fondues dans la même personne. Les chiites, minoritaires, sont pour une séparation claire de la religion et du pouvoir politique.

Tuer pour le pouvoir

Toutes ces divisions internes ont aussi provoqué des massacres et des guerres. Mais très souvent, la religion a surtout été un prétexte utilisé par les dirigeants des différents courants pour envoyer les hommes se battre et servir les intérêts politiques ou financiers d’un groupe.

Ainsi, les catholiques et les protestants se sont fait la guerre en France entre le 16ème siècle et le 18ème siècle. L’épisode le plus sanglant est le massacre de la Saint Barthélémy. En 1572 à Paris, les catholiques ont massacré plusieurs dizaines de milliers de protestants. En réalité, il s’agissait surtout de servir les intérêts les pouvoirs des rois de France et du Pape contre la petite noblesse et la bourgeoisie qui souhaitait partager les richesses.

Les terroristes

Au Moyen-Orient, les sunnites et les chiites se font la guerre depuis près de 1400 ans. Les sunnites sont beaucoup plus nombreux que les chiites. Dans certains pays comme l’Irak ou l’Iran, ce sont les chiites qui dominent. Ils ont tendance à humilier les sunnites et à utiliser la violence pour gouverner.

Mais c’est parmi les sunnites qu’il y a des groupes extrémistes les plus violents, ce sont des organisations comme Al Qaïda et Daech, l’Etat islamique. Ces djihadistes sont très peu nombreux mais ils tuent et terrorisent les musulmans pour qui l’islam est une religion de paix. Ces djihadistes sont aussi en guerre contre les chrétiens, les juifs et ce qu’ils appellent l’Occident.

Une réponse

  1. Tuer au nom de Dieu
    Tuer pour Dieu, n’a pas été qu’une question d’interprétation des textes « sacrés : vous semblez oublier dans l’AT, le Deutéronome ou le livre de Josué notamment, l’anathème biblique (herem en hébreu) employé plus de 80 fois dans la Torah, la « consécration par la destruction » d’objets ou être humains (les apostats et les idolâtres), qui est une condamnation à mort, un sacrifice au nom de YWHW. Cet ordre divin se décline au moment de la conquête de Canaan par une guerre sainte totale, que des commentateurs comme Susan Niditch qualifie d’extermination, d’ailleurs proclamée dans le deutéronome que vous citez. Oubliez cette doctrine et cette violence ordonnée par le dieu de la Bible est commode mais ne résiste pas à l’étude et l’analyse.

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