mercredi 24 juillet 2024

L’ESSENTIEL L’information simple comme bonjour

Un bac en primaires


Marie Aréna – Photo: Belga

En décembre, le Gouvernement de la Communauté Française
a approuvé la mise en place du «bac» primaire. L’idée
est d’avoir le même examen pour tous les élèves francophones
en fin de primaire. Cela va-t-il améliorer l’enseignement et les
résultats de nos enfants? Il y a les «pour» et les «contre».

De quoi s’agit-il ? Bac signifie Baccalauréat. Le mot est surtout
utilisé en France. C’est le nom du diplôme que les étudiants
obtiennent quand ils ont réussi leurs études secondaires. L’examen
est le même pour tous les étudiants de tout le pays. Les questions
sont rédigées par un comité extérieur. En Belgique,
l’idée actuelle est de faire la même chose pendant les études
primaires. Pas seulement en fin de 6ème mais aussi à la fin de
chaque cycle.

Aujourd’hui chaque école et même chaque instituteur(trice)
peut lui-même rédiger ses questions, voire organiser ou non des
examens. En effet, rien dans les décrets ne dit que des examens sont obligatoires.
L’important est d’évaluer si les compétences sont acquises.
Et il existe d’autres moyens que les examens traditionnels pour cela.

Enquête

Il y a quelques années une enquête européenne révélait
quelques problèmes dans les performances de nos élèves.
Cette enquête ne disait pas que tous les élèves belges étaient
mauvais. Elle disait que l’écart entre les bons et les mauvais élèves
de notre pays était très grand. Et elle disait aussi que les 25%
des élèves des milieux les plus riches se trouvaient parmi les
meilleurs d’Europe et que les 25% issus des familles les plus pauvres étaient
eux, vraiment très faibles. Cette enquête disait aussi que faire
doubler les élèves augmentait encore l’écart entre
les bons et les mauvais élèves. Suite à ces constats, nos
ministres ont décidé de prendre de nouvelles mesures. Le «bac» primaire
en est une.

Pour

Tout le monde n’est pas du même avis sur ce bac primaire. Il y a
ceux qui sont pour le « bac » primaire. Ils pensent que cela réduira
les inégalités entre les élèves. Tous les enfants
de la Communauté Française, quelque soit leur école et leur
réseau, auront le même examen. Les écoles pourront situer
les résultats de leurs élèves par rapport à la moyenne
du pays et essayer d’améliorer la situation. L’idée
est d’évaluer aussi les enseignants. Si les résultats des élèves
montrent de gros problèmes, le gouvernement pourra prendre des mesures
particulières, la formation des profs, par exemple.

De plus dans ce système, l’enseignant devient le «coach» de
ses élèves, un peu comme un entraîneur de foot. Il n’aura
plus le rôle de juge. Il est difficile d’être à la fois
l’entraîneur et l’arbitre. On peut alors penser que les enseignants
chercheront les moyens de faire réussir un maximum de leurs élèves.
Leur crédibilité et leur réputation sont en jeu.

Contre

Ceux qui sont contre le «bac» primaire ont d’autres arguments.
Le diplôme de fin de primaire existe en Belgique et dans quelques autres
pays. Mais dans de nombreux pays, les élèves passent du primaire
au secondaire sans examen. Et pourtant, les élèves ont de bons
résultats. On dit que c’est grâce aux différentes méthodes
d’apprentissage.

Un autre argument est que l’évaluation, même externe à l’école,
n’est pas neutre. De plus, toutes les matières ne sont pas évaluées.
Il y a un examen de français, maths et un peu d’éveil. Pas
de compétences artistiques, pas de développement corporel et encore
moins de capacité à être un citoyen actif. Pourtant, c’est
une des priorités de ce décret. Les capacités de communiquer
oralement ne sont pas non plus prises en compte.

De plus, le décret sur les missions de l’enseignement dit que les élèves
doivent mettre en pratique leurs connaissances et établir des liens. Ce
type d’examen ne va pas du tout dans ce sens. Il va évaluer des
connaissances écrites. Il va cloisonner les matières. Les textes
disent aussi que l’essentiel du travail scolaire doit se faire en classe.
Dans certaines familles, les parents peuvent aider leurs enfants à faire
leurs devoirs. Dans d’autres familles, ce n’est pas le cas. Certains
enfants seront bien préparés par leurs parents pour réussir
le bac primaire. Les résultats risquent d’être très
différents en fonction des familles.

Ceux qui sont contre ont peur que ce nouveau système mesure surtout les
différences sociales entre nos élèves. Reste donc à espérer
que l’on arrive à mieux mesurer l’efficacité de notre
enseignement. Et surtout, que l’on trouve les bonnes solutions pour l’améliorer.

Marie-Luce Scieur

6 Responses

  1. Quelle bonne idée. C’est un bien meilleur moyen pour garantir l’égalité entre les enfants. Bien plus que de faire attendre leurs parents plusieurs jours devant la porte des écoles. Super pour motiver les enseignants et cela éviterait que la vie d’un enfant soit gachée car il est devenu la tête de turc de son professeur.
    Avec ce système tous les enfants auraient les mêmes chances.

  2. Bonsoir,

    la sélection au Selor se fait sur base d’un test ( examen ) égal pour tous !
    L’entrée à l’Ecole Royale Militaire aussi…

    Personne ne viendrait discuter de la pertinence et de l’équité de ce systême ! ( Or, il ya les bons qui y entrent et les autres qui n’y entrent pas !!! Quelle injustice ! )

    Ici, on ne parle de test d’entrée pour telle ou telle école mais SIMPLEMENT d’un examen visant à voir si les compétences de base sont acquises suite à 6 années d’école primaire !

    Certains sont contre ?

     » Dans certaines familles, les parents peuvent aider leurs enfants à faire leurs devoirs. Dans d’autres familles, ce n’est pas le cas. Certains enfants seront bien préparés par leurs parents pour réussir le bac primaire. Les résultats risquent d’être très différents en fonction des familles. »

    Je suppose que c’est pour pallier à cette flagrante injustice sociale que les devoirs et travaux d’études à la maison ont été simplement supprimés !

     » Ceux qui sont contre ont peur que ce nouveau système mesure surtout les différences sociales entre nos élèves. »

    Qu’est-ce que les différences sociales ont à voir avec les qualités d’apprentissage de tel ou tel écolier ? Cela reviendrait à dire que tous les enfants de milieux aisés réussissent d’office de brillantes études et que ceux issus de milieux défavorisés sont ipso facto condamnés à végéter sur les bancs scolaires en attendant d’être en âge d’aller « pointer  » !!!

    …et si on évaluait les professeurs sur base des résultats de leurs élèves ??? Un test d’entrée et de sortie ( par année scolaire ) pour chaque écolier…histoire de voir le chemin parcouru par chacun !

  3. En réponse à Jérôme, Jérôme a écrit :

    Qu’est-ce que les différences sociales ont à voir avec les qualités d’apprentissage de tel ou tel écolier ? Cela reviendrait à dire que tous les enfants de milieux aisés réussissent d’office de brillantes études et que ceux issus de milieux défavorisés sont ipso facto condamnés à végéter sur les bancs scolaires en attendant d’être en âge d’aller « pointer  » !!!

    Et pourtant c’est le cas comme le prouve les études et les recherches sociologiques menées depuis le début des années 70. L’école est une machine de reproduction des inégalités sociales. Plus un enfant est issu d’une couche basse de la société moins il a de chance de réussir à l’école. Cela ne signifie pas les enfants et jeunes du monde populaire sont moins intelligents que les autres, mais apprendre, réussir à l’école nécessite de faire appel à des ressources culturelles que les gens des milieux populaires ne possèdent pas forcément.

    Pour ceux qui serait intéressé pour comprendre ce phénomène, je les conseille de consulter notamment les travaux du sociologue Bourdieu.

  4. Bonsoir Nico,

    je ne crois pas que TOUT le monde se retrouve réellement sur un pied d’égalité mais TOUT le monde a la possibilité de faire de hautes études ! Un courageux intelligent de condition modeste réussira là où un fainéant pas trop malin de la haute société ratera ! Les seuls pour qui cette règle ne compte pas sont nos chers princes !

    Je suis issu d’une famille très simple et j’ai commencé par de très modestes études pour me retrouver simple ouvrier sur chantier, quelques années de cours du soir plus tard, j’ai commencé une lente mais constante progression pour aujourd’hui me retrouver responsable HR dans un société de 742 personnes.

    Ma condition modeste ne m’a ni freiné ni poussé ! Ce résultat, je ne le dois qu’à moi-même et à personne d’autre !

    Evoquer la condition sociale comme responsable de la différence de niveau de la connaissance n’est PAS un argument valable mais il est aujourd’hui « politiquement correct » de s’y référer !

  5. Jérôme, si je te comprends bien, si certains ratent à l’école, c’est par fainéantise, uniquement. Si on applique ta vision des choses, on arrive au raisonnement suivant :

    1. On constate, et là tous les chiffres le montre : les jeunes qui ratent leurs études sont en majorité issus du monde populaire, tandis que les jeunes des milieux « aisés » réussissent en masse leurs études.

    2. Tu considères que si on rate c’est parce qu’on est fainéant

    3. Donc, puisque les jeunes du monde populaire ratent en masse par rapport aux jeunes de milieu aisés, cela signifierait donc que les jeunes du monde populaire sont des fainéants par nature…

    Ne crois-tu pas qu’il existe d’autres causes à ces échecs en masse du monde populaire ?

    Bien sûr, il existe des exceptions, comme ton parcours le montre, mais ce n’est pas la logique générale. Il existe toujours des exceptions qui confirment la règle, comme on le dit…

    Si c’est par fainéantise que les jeunes du monde populaire ratent, il reste à comprendre pourquoi ces derniers ont tendance à être plus fainéants que les jeunes issus de milieu plus aisés. J’aimerai connaître ton opinion à ce sujet…

  6. Bonjour Nico,

    je ne me rappelle pas avoir dit que la fainéantise était la principale cause de l’échec scolaire dans les couches populaires …

    Par contre, je suis certain que l’implication personnelle est le principal facteur de réussite ou de non-réussite… et c’est sans doute là qu’existe une grande différence entre les couches sociales.

    Certaines sont sans doute plus attentives que d’autres à orienter leur progéniture vers une réussite professionnelle qui passe, notamment, par l’obtention de diplômes d’études supérieures.

    Il est aussi certain qu’appartenir à un milieu aisé, entouré de personnes bardés de brevets et travaillant à des postes très valorisants, vous pousse à tenter de les imiter ( l’adage :  » Qui se ressemble, s’assemble !  » )

    Là où je peux vous donner raison tient dans le fait que la qualité de l’enseignement varie fort en fonction de la provenance de la clientèle !

    Mais, peut-on jeter la pierre à l’enseignant qui essaie par tous les moyens d’éviter d’aterrir dans un établissement à vocation populaire ?

    Nous savons tous de quoi est composée la population dans ces établissements à discrimination positive !

    Nous savons tous aussi qu’y donner réellement cours est de plus en plus difficile et donc d’arriver à des résultats probants, utopique !

    J’ai des amis qui ont enseigné ( ou tenté de le faire !) dans des établissements techniques de la région liégeoise, tous ont réorienté leur carrière professionnelle. L’un est assureur, l’autre est gérant de banque, la troisième travaille dans la déco, c’est étonnant n’est-ce pas ? J’oubliais un voisin professeur de menuiserie qui a arrêté suite à des problèmes dépressifs…( Incompréhensible puisque l’on parle du  » plus beau métier du monde  » ! )

    Plutôt que de dire que la plupart des jeunes issus de milieux modestes ou défavorisés sont des fainéants, je dirais simplement que la plupart ne veulent pas, ou ne savent pas pourquoi, s’impliquer dans les études !

    La question étant de connaître le  » pourquoi  » de ce choix.

    J’espère avoir ainsi répondu à vos questions.

    Bonne journée

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