Paul Wolfowitz est devenu le nouveau patron de la Banque
mondiale. C’est
un proche de Georges Bush et un des responsables de la guerre contre l’Irak.
On craint donc une politique très à droite de l’institution.
Or, la Banque mondiale joue un rôle très important pour les pays
les plus pauvres de la planète.

Photo: Belga

Sur proposition du président américain, Georges Bush, Paul Wolfowitz
a été nommé à la tête de la Banque mondiale.
Les gens qui travaillent dans des associations pour aider les pays les plus
pauvres ont reçu cette décision comme une gifle dans la figure.
Et la plupart des pays européens sont fâchés, même
s’ils n’osent pas le dire ouvertement. Paul Wolfowitz n’est
pas un agneau. D’ailleurs, « wolf » veut dire loup en français!
Il était le numéro deux du ministère de la défense
américain. Il a des idées très à droite. Il est
un de ceux qui ont convaincu Georges Bush de faire la guerre en Irak. C’est
ce que l’on appelle un «faucon». A la Banque mondiale, on
craint qu’il ne soit un loup.

Aider…

La Banque Mondiale, ce n’est pas rien. Elle a été créée
en 1944 pour reconstruire l’économie de l’Europe et des
autres pays qui avait été détruite par la guerre. Aujourd’hui,
elle a pour mission d’aider les pays pauvres à développer
leur économie, en leur prêtant de l’argent pour certains
projets (construire des égoûts, apporter l’eau dans les
champs, lutter contre le sida, créer des écoles, etc.). L’an
dernier, la Banque a prêté 20 milliards de dollars et ses 9 300
employés (sans compter des milliers d’autres experts) ont parcouru
le monde.

Le frère jumeau de la Banque mondiale s’appelle le Fonds monétaire
international. Il réunit lui aussi pratiquement tous les pays de la
planète. Sa mission est d’éviter les crises financières
mondiales en aidant et en prêtant de l’argent aux pays en difficulté.
Traditionnellement, le chef du FMI est un Européen et le patron de la
Banque mondiale un Américain.

Les pauvres…

La manière de fonctionner du FMI et de la Banque mondiale est très
critiquée. La théorie de ces institutions c’est que si
les Etats ont des budgets en équilibre et si les entreprises sont libres
de s’installer et de faire du commerce : tout ira pour le mieux. L’économie
se développera et la pauvreté disparaîtra. Dans la réalité,
on voit que ce n’est pas si simple. Par exemple, la situation de la majorité des
Russes est plus difficile aujourd’hui qu’il y a 15 ans et cela
malgré les prêts du FMI. En plus, le FMI ne donne pas n’importe
comment de l’argent aux pays en crise. Il impose, en échange,
des changements qui font très mal aux gens du pays, et plus spécialement
aux plus pauvres.

Quand un pays est en crise économique, le FMI lui dit qu’il doit
dépenser moins d’argent pour pouvoir rembourser les banques. Cela
signifie, que non seulement le pays est en crise, mais qu’il n’a
même plus les moyens d’aider les gens en difficulté. La
crise économique est donc encore plus grave. C’est ce qui s’est
passé par exemple en 1998, quand les pays d’Asie sont entrés
en crise et que des millions de gens sont tombés dans la pauvreté.

…Ou les entreprises

La Banque mondiale aussi est critiquée. Elle impose par exemple à certains
pays africains de ne plus cultiver que du café surtout pour le vendre à l’étranger.
Quand le prix du café chute, c’est la crise. Elle donne de l’argent à des
projets qui n’aident pas les gens mais plutôt aux entreprises.
Par exemple, aux compagnies pétrolières. Deux projets d’oléoducs,
qui coûtent une fortune, et perturbent toute une région, sont
pointés du doigt. L’un en Afrique (entre le Tchad et le Cameroun),
l’autre dans le Caucase (Bakou-Tbilissi-Ceyhan).

Mais, malgré tout, la Banque mondiale avait, ces dernières années, été plus
active dans la lutte contre la pauvreté. Elle avait aussi aidé,
en 1997, les pays pauvres pour que l’on réduise leur dette. Cette
politique un (tout petit) peu plus à gauche n’a sans doute pas
plu à George Bush qui a réussi à imposer un homme à lui.

Pierre-Henri Thomas